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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/470

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ALE

le siècle où il a vécu. La Fontaine, qui admirait le tour vif et aisé de la poésie d’Alexis, voulut, pour marquer l’estime qu’il en faisait, essayer une petite pièce en ce genre, qu’on trouve dans le recueil de ses comtes. R-t.


Alexis (del Arco), peintre espagnol, est aussi connus sous le nom d’El Sordillo de Pereda, parce qu’il était sourd et muet, et que Pereda fut sont maître. Il naquit à Madrid, l’an 1025. On peut trouver extraordinaire que cet homme, si cruellement traité par la nature, soit parvenu à obtenir un rang assez distingué parmi les artistes de son pays. Toutefois il ne montra une supériorité décidée que dans le portrait ; et l’on croira sans peine ce qu’ajoute Palomino Velasco, qu’il réussissait beaucoup moins bien dans l’histoire. Ce biographe n’aurait pas dû alors vanter, comme il le fait, la belle ordonnance des compositions d’Alexis, puisque c’est surtout dans le genre historique que l’on peut se montrer habile en cette partie de l’art. Quoi qu’il en soit, Alexis, bon dessinateur et habile coloriste, fit, outre un grand nombre de portraits, plusieurs tableaux d’église pour sa ville natale. On cite principalement avec éloge une Assomption et un Conception, exécutées, lorsqu’il était encore très-jeune, pour le cloitre des Trinitains déchaussés. La chapelle de Notre-Dame de la Novena fut peinte en entier de sa main, et la chapelle del Santo-Christo, dans l’église de San-Salvador, possède de lui une Ste. Thérèse estimée. Alexis mourut à Madrid, en 1700, à Pàge de 75 ans. D-t.


ALEXIUS (Gaspard), ministre protestant, né dans le pays des Grisons, en 1576, acquit le droit de bourgeoisie à Genève, où il professa la philosophie et la théologie pendant seize ans. Il contribua à établir à Sondrio, dans le Valteline, un collège sur les mêmes bases que celui de Genève. Ayant présidé, en 1619, un synode des pasteurs du pays des Grisons, il fut choisi pour aller solliciter des secours en faveur de ses coreligionnaires persécutés. Mais se mission ayant été vue de mauvais œil par la régence impériale d’Inspruck, il fut arrêté dans cette ville en 1620 et jeté dans les prisons, où on le retint plus de deux années. Il alla ensuite reprendre à Genève sa chaire de philosophie, qui lui avait été conservée, et mourut en 1626. On a de lui : Disseratio physica de Mixtura, Genevæ, 1625, in-4°. L-m-x.


ALEYN (Charles), poête anglais, du règne de Charles Ier, fut élevé au collège de Sidney, à Cambridge, et vint ensuite à Londres, où, en 1631, il publia, en stances de six vers, deux poëmes sur les batailles de Poitiers et de Crécy, il composa, en 1638, un autre ouvrage, également en vers, en l’honneur du roi Henry VII, sous ce titre : Histoire du sage et heureux prince Henri VII du nom, roi d’Angleterre, avec la fameuse bataille donnée entre ce roi et Richard III, près de Bosworth. Outre ces trois poëmes, il composa des vers qui furent imprimés en tête des ouvrages de quelques autres écrivains ; on les trouve surtout dans les premières éditions des pièces dramatiques de Beaumont et Fletcher. En 1639, il publia le roman d’Euryale et Lucrèce, par Æneas-Silvius, traduit du latin en anglais. Aley mourut en 1640. D-t.


ALEYRAC. Voyez Dalayrac.


ALFARABIUS, le premier des philosophes arabes, naquit à Farahn aujourd’hui Othrar, ville de la Transexane. C’est du lieu de sa naissance qu’il a pris le surnom sous le quel nous le connaissons. Son vrai nom est Mohammed. Turc d’origine, il s’éloigna de sa patrie pour acquérir une parfaite connaissance de l’arabe et des ouvrages des philosophes grecs. Il vint d’abord à Bagdad, où il étudia la philosophie sous un célèbre docteur, nommé Abou Bachar Mattey, qui expliquait Aristote. Après un court séjour dans cette ville, il se rendit à Harran, où Jean, médecin chrétien, professait la logique avec un grand succès. Alfarabius surpassa en peu de temps ses meilleurs disciples ; il vint ensuite à Damas, de là en Égypte, et retourna enfin à Damas, où le retinrent, jusqu’à sa mort, les bienfaits de Seïf-ed-Daulah, prince de cette ville. Alfarabius, dont tous les moments étaient consacrés à l’étude, connaissait peu les usages de la société, et encore moins ceux de la cour. Lorsqu’il se présenta pour la première fois devant Séif-ed-Daulah, il manqua aux usages pratiqués alors. Ce prince, qui voulait s’égayer aux dépens du philosophe, fit part de ses intentions à ses gardes, dans une langue étrangère ; mais sa surprise fut extrême quand Alfarabius lui eut prouvé que cette langue lui était connue, et lorsqu’il eut affirmé qu’il en parlait soixante-dix autres. La conversation étant tombée ensuite sur les sciences en général, Alfarabius s’expliqua avec tant d’érudition et d’éloquence, que les savants qui étaient présent furent réduits au silence et se mirent à écrire son discours. Le prince, charmé de son nouvel hôte, et voulant le distraire, fit venir ses plus habiles musiciens : mais leurs instruments parurent si peu d’accord à l’oreille délicate d’Alfarabius, qu’il ne put s’empêcher d’en témoigner son impatience. Le prince lui demanda s’il joignait encore à toutes ses connaissances celle de la musique. « Oui, prince, répondit-il, et j’espère vous le prouver. » Alors il prit un luth, dont il joua avec tant d’habileté, qu’il excita tour à tour, dans l’âme de ses auditeurs, la joie, la tristesse et l’abattement. Séif-ed-Daulah ne voulut plus dès lors se séparer d’Alfarabius, et lui fit donner chaque jour quatre drachmes, jusqu’à sa mort, arrivée à Damas, l’an 339 de l’hégire (950 de J.-C.). « Alfarabius, dit un biographe arabe, menait une vie très-retirée, méprisait le monde, et ne prenait aucun soin d’acquérir des richesses ; il avait trouvé l’art de charmer sa vie par son ardeur pour l’étude. » Le grand nombre d’ouvrages composés par ce philosophe atteste en effet, son érudition et son infatigable activité. Il s’était exercé sur la philosophie, la logique, la physique, l’astronomie et les mathématiques. Il avait surtout une prédilection particulière pour Aristote, dont il avait lu, disait-il, quarante fois la Métaphysique, sans en avoir pleinement saisi le sens. Deux ouvrages ont principalement établi sa réputation : l’un est une encyclopédie