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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/500

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ALI

circonstances nouvelles ou imprévues interviennent dans leurs effets, et y occupent une si grande place, qu’il semble qu’un voyage aux eaux soit beaucoup moins un but qu’un prétexte. Cependant les malades qu’on y envoie ont, en général, par leur éducation et leur position sociale, plus d’esprit et de curiosité que le vulgaire des hommes ; l’oisiveté les porte bientôt à s’enquérir des doctrines médicales, et dès lors ils ne consentent plus d’aussi bonne grâce à guérir sans savoir comment ils guérissent. Voilà pourquoi les médecins de profession, qui, pour conseiller l’usage des eaux, n’avaient pas attendu de comprendre ce qu’ils faisaient, ont été forcés de l’expliquer sans le comprendre. Alibert a tenté d’éclairer à la fois les médecins et les gens du monde sur l’action des eaux minérales. S’appuyant sur un ensemble de principes devant lesquels l’empirisme reculait et recule encore chaque jour, il ouvre des routes nouvelles aux praticiens qui ne se croient pas débarrassés de toute responsabilité envers les patients qu’ils envoient aux eaux. Quant aux gens du monde, il leur donne des conseils qui les prémunissent contre les exagérations de la cupidité, les préjugés de la routine, le goût des plaisirs tumultueux et des émotions vives, dans un séjour où l’on a plus besoin qu’ailleurs de calme et de silence, et où la simplicité des habitudes entre pour moitié au moins dans le soulagement des maux du corps. Nous n’avons point encore de meilleur guide pour les eaux minérales. 8° Nosologie naturelle, ou les maladies du corps humain disposées en familles, Paris, 1827, in-4o, avec planches coloriées. Le style est le seul mérite de cet ouvrage, malheureux essai d’une application à la médecine de la nomenclature binaire par laquelle Linné a tant servi l’histoire naturelle. Le second volume n’a jamais paru, et personne ne l’a regretté. 9° Monographie des dermatoses, ou Précis théorique et pratique des maladies de la peau, Paris, 1835, 2 vol. in-8o. Alibert avait le faible d’aimer les mots nouveaux, et il en a créé un grand nombre, qui ne sont même point passés dans les lexiques spéciaux. Cependant on doit au moins lui rendre cette justice que son néologisme ne heurtait ni la grammaire ni l’oreille, comme celui de quelques-uns de nos contemporains, qui, affectant une prédilection toute particulière pour la langue grecque, dont ils ne connaissent pas même les éléments, sont parvenus à tirer du plus harmonieux des idiomes une foule de noms capables d’effrayer le plus robuste tympan. J-d-n.


ALIBRAI. Voyez Dalibrai.


ALIBRANDO (François), jurisconsulte sicilien, vivait au 17e siècle. Il publia quelques ouvrages savants de sa profession. On lit aussi quelques unes de ses poésies dans les recueils de l’académie della Fucina, établie à Messine, et qui publia, pendant ce siècle, plusieurs volumes de prose et de vers. G-é.


ALIDOSIO II, d’Imola, fils ou neveu de Petro Alidosio, surnommé Pagano, était arrière-petit-fils d’Alidosio Ier, qui vivait en 1207, et que l’on croit issu d’Hala, frère de St. Romuald, de la famille des Onesti. Pierre Pagano, l’un des nobles les plus puissants d’Imola, s’était emparé du gouvernement de cette ville en 1272 ; mais, n’ayant pu s’y maintenir qu’un an, elle était retournée sous la domination des Bolonais. Alidosio II fut plus heureux. Aidé par Maynard Pagano, il s’empara de nouveau d’Imola, en 1292, et y établit si bien son autorité, que ses descendants s’y maintinrent jusqu’en 1424. On ignore l’époque de sa mort. — Lippo et Gui Alidosio, ses deux fils, associés à l’autorité de leur père, continuèrent de gouverner conjointement, et reçurent ensemble, en 1351, du pape Clément VI, l’investiture d’lmola, à titre de vicaire de l’Église. Depuis cette époque, ils restèrent guelfes fidèles, et furent toujours protégés par les papes. Lippo laissa, un fils unique, Robert, deuxième seigneur d’Imola, qui résista avec succès aux Visconti, seigneurs de Milan, et laissa deux fils héritiers de sa valeur. ─ Azzo, troisième seigneur d’Imola, se distingua dans presque toutes les affaires de son temps, et mourut en 1373, ne laissant qu’une fille mariée à Amurath Torelli, seigneur de Ferrare, frère du célèbre Gui II, premier comte de Guastalla. — Bertrand, quatrième seigneur d’Imola, connu par la bataille qu’il avait gagnée, en 1330, sur les Mantouans, succéda à son frère Azzo, le 7 septembre 1373, et mourut en 1399. — Louis, son fils unique, cinquième seigneur d’Imola, régna quelque temps paisiblement, aimé de ses sujets et de ses trois enfants, Thiébaud, Jean et Lucrèce. Il avait marié cette dernière à George Ordelaffi, seigneur de Forli, qui mourut en 1422, laissant son fils en bas âge, sous la tutelle de Philippe-Marie Visconti, duc de Milan. Lucrèce, s’apercevant des mauvais desseins du tuteur, envoya son fils à Louis Alidosio. Le duc, mécontent de cette conduite et de ce que Louis venait de faire une alliance avec les Florentins, envoya un corps de troupes contre la ville d’Imola, ou un transfuge les introduisit pendant la nuit. Le malheureux Louis Alidosio, surpris, fut conduit avec son fils aîné à Milan. Jean, son second fils, seigneur de Castel de Rio, échappa et continua la postérité des Alidosio. Le duc fit enfermer les deux prisonniers au château de Monza, et ne permit à Louis d’en sortir que pour se faire bénédictin. Ce prince malheureux finit saintement ses jours dans cet ordre, à Modène, et la seigneurie d’Imola sortit pour jamais de la famille des Alidosio. X.


ALIGHIERI (Dante). Voyez Dante.


ALIGNAN (Benoit), né à Alignan-du-Vent, village à six lieues de Pézenas, à la fin du 12e siècle, d’une famille noble, fut élevé dans un monastère de bénédictins, et prit l’habit de cet ordre ; en 1224, il était abbé de la Grasse, dans le diocèse de Carcassonne. Il rendit de grands services à Louis XIII dans la guerre des Albigeois, et contribua beaucoup à lui soumettre les villes de Béziers et de Carcassonne, qui prêtèrent serment de fidélité entre ses mains. En 1229, il fut fait évêque de Marseille ; mais il n’oublia jamais ses vœux monastiques, et se nomma toujours frère Benoit, évêque de Marseille. Dès l’année 1226, le pape Grégoire IX le chargea de la réforme des moines noirs (c’est ainsi qu’on appelait