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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/503

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ALI

par son activité, il dissipa les mécontents, et traita avec sa mère, qui craignait autant que lui de voir augmenter la puissance des comtes de Flandre. C’est ainsi que Philippe se servit de la jalousie de deux maisons redoutables, pour se soustraire à leur domination ; politique admirable dans un prince de quinze ans, et qui annonça tout ce qu’il devait être un jour. Lorsqu’il eut formé la résolution d’aller connaitre dans la Palestine, il assembla les grands de l’État, et, de leur consentement, il nomma, en 1190, Alix tutrice de l’héritier du trône, et régente du royaume. Elle gouverna avec douceur et sagesse, et elle résista avec fermeté aux prétentions du pape. Elle mourut à Paris, le 4 juillet 1206, respectée des grands, et sincèrement regrettée des peuples. On voyait son tombeaux dans l’abbaye de Pontigny, en Bourgogne, fondée par son père. — L’histoire fait mention de plusieurs autres princesses du nom d’Alix : l’une, fille de Henri le jeune, comte de Champagne, devint reine de Chypre, ayant épousé Hugues de Lusignan et ensuite Bohémond IV, prince d’Autriche ; elle mourut en 1246. ─ Une autre épousa Bertrand, comte de Toulouse. — Une autre, femme de Jean de Châtillon, comte de Blois, fit, avec son époux, le voyage de la terre sainte. ─ Une, héritière de Bretagne, fut mariée à Pierre de Dreux, dit Maucière. ─ Deux filles de Louis VII porteront aussi ce même nom ; la première fut mariée à Thibaut, comte de Blois, et la seconde, fiancée d’abord à Richard d’Angleterre, fut la cause ou le prétexte de la guerre civile qui éclata entre ce prince et Henri II, son père. (Voy. Henri II et Richard.) De retour d’Angleterre, ou elle avait été envoyée, Alix épousa Guillaume, comte de Ponthieu. F-e.


ALIX (Pierre), né à Dole en 1600, nommé abbé de St-Paul de Besançon en 1632, et ensuite chanoine de l’église St-Jean de la même ville, défendit avec courage, contre le pape Alexandre VII, les droits de son chapitre touchant l’élection des archevêques. Il publia à ce sujet plusieurs petits ouvrages : Pro capitulo imperiali Bisuntino, super superjute eligendisuos archiepiscopos et decanos, Commentarius, Besançon, 1672, in-4o ; Refutatio scripti Roma nuper tansmissi contra jura capituli Bisuntini, in-4o ; Synopsis rerum gestarum circa decanatum majorem ecclesiæ metropolitanæ Bisuntinæ, ab anno 1661 ad annum 1667, in-4o ; Dialogue entre Porte-noire et le Pilori, in-4o, Ce dialogue satirique fut censuré par le P. Dominique Vernerey, inquisiteur à Besançon. L’abbé Alix lui répondit par une brochure intitulée : Éponge pour effacer la censure du P. Dominique Vernerey, etc., in-4o. Ce petit ouvrage, écrit avec beaucoup de force, est fort rare, ainsi que tous ceux du même auteur. Le P. Lelong, dans sa Bibliothèque historique de la France, lui attribue une Histoire de l’abbaye de St-Paul, manuscrite. Ses connaissances ne se bornaient pas à celles de son état : il avait étudié les mathématiques avec succès, dans un temps où cette science ne menait ni à la considération ni à la fortune, et il avait composé plusieurs traités d’algèbre qui se sont perdus. Il mourut le 6 juillet 1676. — Jacques Alix, son frère, avocat au parlement de Dole, a fait imprimer quelques oraison funèbres, et le Panégyrique de J.-J. Bonvalot, chevalier, président du comté de Bourgogne, Besançon, 1667, in-4o. W-s.


ALIX ou ALLIX (Thierry), seigneur de Véroncourt et de Forcelles, conseiller d’État et président de la chambre des comptes de Lorraine sous le règne de Charles III, naquit en Lorraine en 1554. On ignore les circonstances de sa vie politique : on sait seulement qu’il s’est acquitté avec honneur de missions importantes dans les principales cours de l’Europe, et qu’il a mis en ordre et classé le trésor des chartes ducales. Ses ouvrages, restés manuscrits, sont précieux en ce qu’ils présentent d’une manière fort exacte l’état du nord-est de la France au 16e siècle. D. Calmet les a très souvent consultés. Voici leurs titres : 1o Traité sur la Lorraine et le Barrois. 2o Discours sur le comté de Vaudemont. 3o Discours sommaire sur la nature et la qualité du comté de Bitche. Alix cherche à établir dans cette dissertation que la seigneurie de Bitche est fief lige relevant du duché de Lorraine, auquel elle a été réunie en 1575. 4o Discours présenté de la part du duc Charles III au sujet de la ligue, pour persuader aux états assemblés à Paris d’élire pour roi un prince de la maison de Lorraine. 5o Histoire des pays et duchés de Lorraine, avec dénombrement des villes, bourgs et châteaux, terres et seigneuries, bailliages, prévôtés, châtellenies, collégiales, abbayes, prieurés, couvents, monastères, chartreuses et commanderies qui y sont et en dépendent, et des mines d’or et d’argent et autres : des rivières, montagnes, verreries, raretés, singularités, qui se rencontrent audit pays. Cette curieuse statistique, rédigée en 1550, devait être enrichie d’une carte fort détaillée, commencée par le célèbre Gérard Mercator et achevée par Alix ; mais la mort de cet écrivain, survenue en 1597, à Nancy, lorsqu’il se disposait à publier le fruit de ses immenses recherches, nous priva d’un ouvrage intéressant, dont les copies sont aujourd’hui fort rares. ─ Cuny Alix, frère du précédent, chanoine et grand prévôt de St-Diez, a été le précepteur des enfants de Charles II. B-n.


ALIX (Ferdinand), né en 1740 à Frasne, bailliage de Pontarlier, fut, élevé par un de ses oncles, curé de Borey. Ayant achevé ses études au collège de Besançon, il sollicita son admission dans l’institut des jésuites. La faiblesse de sa santé ne lui ayant pas permis de supporter les rigueurs du noviciat, il revint à Besançon se préparer par un cours de théologie à recevoir les ordres sacrés. Placé comme vicaire chez l’oncle qui avait été son premier instituteur, il lui succéda dans l’administration de la paroisse de Borey, en 1785. Son refus de prêter le serment exigé des ecclésiastiques en 1791 l’obligea de quitter sa cure ; mais il se tint dans le voisinage, pour être plus à portée de donner à ses paroissiens les secours de son ministère. Il ne consentit à s’éloigner que lorsqu’on lui eut démontré qu’il exposait inutilement sa vie. Dans l’asile qu’il avait trouvé sur les frontières de la Suisse, il composa plusieurs ouvrages destinés à prémunir ses