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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/516

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mortes sans enfants, dont le douaire lui resta. Il se trouva alors assez riche pour faire construire cet établissement, dont Inigo-Jones fut l’architecte, en 1617 : l’édifice seul lui coûta 10, 000 livres sterling, et il y attacha des fonds du produit de 8, 000 livres de rente, pour l’entretien d’un supérieur, un gadien, quatre maîtres, six hommes pauvres, autant de femmes, douze enfants de l’âge de quatre a six ana, qui y étaient élevés jusqu’à quatorze et seize ans. Il voulut en être le premier pauvre, et y passa le reste de sa vie, se soumettant exactement à toutes les règles de la maison, qu’il avait rédigées lui-même ; il y mourut le 25 novembre 1626. On prétend que représentant un jour le diable, dans une tragédie, il crut le voir réellement devant lui ; que ce spectacle l’effraya, et lui fit faire le vœu d’ériger l’établissement en question, pour réparer tous les scandales qu’il pouvait avoir donnés dans sa profession. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il passa les dernières années de sa vie dans les exercices de piété. Son établissement subsiste encore, et il a même été augmenté. T-d.


ALLEYN. Voyez Allen.


ALLIER (Claude), prieur-curé de Chambonas, près d’Uzès, un des agents principaux du rassemblement royaliste qui se forma en 1790 dans un village voisin de la ville de Puy en Velay, et qui fut connu sous le nom de camp de Jalèes, décrété d’accusation par l’assemblée législative, le 18 juillet 1792, fut condamné à mort, le 5 septembre 1793, par le tribunal criminel du département de la Lozère, et exécute à Mende. — Un autre Allier (Dominique), aussi chef du camp de Jalès, mis en accusation avec le précédent, parvint a s’évader, et se rendit à Coblentz, auprès des princes. Il revint ensuite dons les départements méridionaux, pour y opérer quelque soulèvement ; et, après diverses tentatives infructueuses, il fut arrête et exécuté en novembre 1798. N-l.


ALLIER (Louis), numismate et antiquaire, connu dans ses dernières années sous le surnom de Hauteroche, qu’il avait ajouté et qu’il finit par substituer à son propre nom, naquit à Lyon en 1766. Il n’était point issu d’une famille noble, comme on l’a dit dans les articles nécrologiques publiés depuis sa mort, mais de parents négociants. Son père et son frère périrent, en 1793, dans les mitraillades qui signalèrent les fureurs de Collet d’Herbois. Échappé à ce désastre, Allier vint se réfugier à Paris avec une de ses sœurs, mariée à Duplain, imprimeur et éditeur d’un journal d’opposition, lequel n’avait évité la mort à Lyon que pour la subir à Paris sur l’échafaud (juin 1794). Une autre sœur d’Allier avait épousé Boulouvard, ancien négociant d’Arles, partisan des idées républicaines et frère d’un député à l’assemblée constituante. Allier venait d’obtenir un emploi dans l’agence des hôpitaux militaires, à l’époque où Boulouvard devint chef du bureau des consulats au ministère des relations extérieures. Ce fut par les bons offices de son beau-frère qu’Allier fut nommé, le 3 février 1795, sous-directeur de l’imprimerie française à Constantinople. Cette sinécure lui laissa le temps de se livrer à son goût pour l’archéologie, l’histoire naturelle et la botanique. En mars 1797, sur la demande de l’ambassadeur Aubert du Bayet, il fut nommé directeur de la même imprimerie, avec un traitement de 5, 000 francs, sans avoir plus de besogne. Il fit alors un voyage dans la Troade, l’Attique et les Iles de l’Archipel, et commença sa collection de médailles. Informé de l’expédition d’Égypte par son beau-frère, qui en avait donné le plan, et témoin du fâcheux effet qu’elle avait produit à Constantinople, il prévit une rupture et les malheurs qui allaient accabler les Français établi en Turquie. Alléguant la stagnation de l’imprimerie française pendant l’été, il sollicita un congé pour un second voyage scientifique dans les parties de l’Asie Mineure et les îles qu’il n’avait pu visiter l’année précédente ; et, l’ayant sans peine obtenu du chargé d’affaires Ruffin, il quitta Constantinople le 11 juin 1798, muni de lettres de recommandation pour les agents français dans toutes les rades et îles où il devait relâcher. Il s’embarqua sur un navire grec pour Candie, d’où il se rendit à Alexandrie ; il y trouva son neveu Boulouvard, qui était venu en Égypte avec l’armée française en qualité de secrétaire de l’ex-consul Magalon. Après avoir exploré cette terre classique durant cinq mois, Allier revenait en France, lorsque le bâtiment qui le portait fut pris par une frégate russe à la hauteur de Céphalonie. Relâché sur parole au bout de soixante jours, il arriva à Paris en juin 1799. Comme sa place avait été supprimée par cessation de relations avec la Turquie, il en sollicita une autre. Mais ce ne fut que le 16 septembre 1802 qu’il fut nommé au vice-consulat d’Héraclée, sur la mer Noire, créé en sa faveur, non pour protéger le commerce, dont il s’était toujours fort peu occupé, mais pour lui faciliter les moyens de se livrer aux recherches archéologiques et de compléter sa collection numismatique. Aussi était-il encore à Constantinople au mois d’aout 1803. et deux ans après il revint à Paris. Ce fut de la qu’il adressa à l’académie des inscriptions, en 1806, e dessin d’un mur de construction cyclopéenne qu’il avait trouvé dans l’île de Délos. Allier continua de toucher la moitié de son traitement à Paris jusqu’en 1813, où le vice-consulat d’Héraclée fut supprime par raison d’économie. Il resta alors en disponibilité avec 1, 800 francs d’indemnité annuelle, qui fut suspendue, lorsqu’en 1815 il partit avec M. Félix de Beaujour, qui venait d’être nommé consul général à Smyrne, et peu après inspecteur général des consulats français au Levant[1]. Ce fut par arrêté de M. de Beaujour, du 1er octobre 1816, qu’Allier fut envoyé pour gérer pendant quelques mois le vice-consulat de l’île de Cos ; et, en 1817, il

  1. Allier, dans cette mission, ne fut revêtu d’aucun caractère, d’aucun titre officiel. Il parait même que son expatriation fut occasionné par une action peu honorable où l’entraina sa passion pour la numismatique et pour les pièces rares, et dont la découverte l’avait obligé de consentir à un échange qui, dit-ont, répara avantageusement le préjudice qu’il avait causé au cabinet d’antiquités de la bibliothèque royale. Il a depuis réparé sa faute. A-t.