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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/547

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ALP

époux d’Isabelle, qui avait pris par représailles, le titre de souverain de Portugal, il lui laissa le temps de rassembler des forces considérables, et de livrer une bataille qu’Alphonse perdit près de Toro ; ce qui l’obligea à renoncer à ses conquêtes. Les Portugais étaient mécontents et découragés ; tout était dans un tel désordre, qu’Alphonse V prit l’étrange résolution d’aller demander des secours à Louis XI, roi de France. Il s’embarqua à Oporto, avec une suite de cinq cents gentilshommes, et un corps de 2,500 hommes, montés sur vingt et un vaisseaux. Il mit à la voile pour Marseille, prit terre à Collioure, à cause du vents contraires, et suivit la route de Perpignan à Tours. Louis XI vint au-devant de lui jusqu’à Bourges, et le reçut avec de grands honneurs, bien résolu de ne rien faire de plus pour lui. Après l’avoir abusé par des promesses, il fit une paix séparée avec le roi de Castille. Alphonse fut si confus d’avoir été trompé, qu’il ne voulut plus reparaitre en Portugal, et écrivit à don Juan, son fils, de se faire proclamer roi. Le dessein d’Alphonse était de s’échapper de France, et d’aller passer le reste de ses jours à Jérusalem ; mais Louis XI eut quelque pitié de son sort, et le renvoya honorablement dans ses États. Son retour à Lisbonne surprit les Portugais, qui le croyaient moine, ou prisonnier en France. Jean II, son fils, quitta aussitôt le titre de roi, quoique Alphonse le conjurât de le garder, ne voulant plus se réserver que les Algarves. Il consentit néanmoins a reprendre les rênes du gouvernement ; et, renonçant à ses projets ambitieux, il signa la paix avec la Castille, en 1479. Deux ans après, il tomba dans une noire mélancolie, et résolut d’abdiquer une seconde fois. Ayant fait connaître ses intentions à l’infant, il partit secrètement, dans le dessein d’aller finir ses jours dans le monastère de St-François de Veratojo ; mais, arrivé à Cintra, il fut attaqué de la peste, et mourut, le 21 août 1481, âgé de 49 ans, et après 43 ana de règne. Plus occupé d’agrandir ses États que d’y ramener l’abondance et la paix, il règne presque toujours sous la tente ; brave chevalier, bien plus que sage monarque, il ne s’illustra que contre les Maures d’Afrique. Le soin qu’il prit de racheter les prisonniers voués à l’esclavage lui fit donner le surnom de Rédempteur des captifs. B-p.


ALPHONSE VI, roi de Portugal, fils de Jean IV, de la maison de Bragance, lui succéda, en 1656, sous la tutelle de sa mère, Louise de Gusman, qui prit les rênes du gouvernement. Destiné à l’état ecclésiastique, du vivant de son frère aîné, Alphonse avait été élevé par les soins du grand inquisiteur du royaume. Il était faible et infirme, et n’aurait pu résister à l’Espagne, sans le courage et la sagesse de la reine ; mais, tandis qu’elle s’affermissait la couronne sur la tête de son fils, ce prince s’en rendait indigne par le dérèglement de son esprit, et par ses débauche. On le vit souvent parcourir les rues de Lisbonne, pendant la nuit, avec une troupe de spadassins, et se livrer à tous les excès et à toutes sortes de violences. l’autorité de sa mère lui étant devenue insupportable, il l’éloigna du gouvernement, et fut dirigé par le comte de Cartel-Melhor, qui gouverna avec sagesse, et qui, pour écarter les bruits répandus sur les infirmités du roi, lui fit épouser, en 1663, mademoiselle d’Aumale, princesse de Savoie-Nemours ; mais Alphonse vécut éloigné d’elle. Irritée de cet abandon, la jeune reine s’unit secrètement d’amour et d’intérêt à don Pedro, frère du roi. Ce prince, animé par l’ambition et l’amour, parvint à chasser le secrétaire d’État, comte de Cartel-Melhor, favori du roi ; et, par une révolution aussi étonnante que subite, se fit déclarer régent, et força le roi à abdiquer en sa faveur. Cette révolution, à laquelle le mécontentement public servit de prétexte, fut revêtue de la forme d’une abdication volontaire, et sanctionnée par le vœu des états du royaume. La reine prétendit que son mariage avec l’impuissant Alphonse n’avait pas été consommé ; et, bientôt arrêté et dépouillé, en 1667, le malheureux prince fut relégué dans l’île de Terceire pendant huit ans, et ensuite ramené en Portugal, sous prétexte d’un complot tendant à le tirer de son exil pour le rétablir sur le trône. Il fut transféré au château de Cintra, et y mourut, le 12 septembre 1683, à l’âge de 41 ans. Le régent se lit alors couronner sous le de Pierre II. B-p.


ALPHONSE de Burgos. Voyez Abner.


ALPHONSE de Castro. Voyez Castro.


ALPHONSE d’Est. Voyez Est (d’).


ALPHONSE TOSTAT. Voyez Tostat.


ALPHONSE (Pierre). Voyez Pierre.


ALPHONSE (Louis), pharmacien, naquit à Bordeaux, le 10 mars 1743, d’un père qui le destina de bonne heure à la profession que lui-même exerçait, et l’envoya étudier à Paris sous les Rouelle et les Macquer. Revenu dans sa patrie, il y fut reçu au collège de pharmacie dont il devint le syndic, et successivement à la société de médecine et, à l’académie des sciences. Doué d’une imagination plus ardente que ne le comporte l’étude des sciences, il se montra partisan des rêveries de Meamer (voy. ce nom), et par les mêmes causes il adopta avec enthousiasme les principes de la révolution. On le vit dès le commencement dans les clubs patriotiques. Il fut ensuite officier municipal. Alors négligeant ses propres affaires pour celles de la république, il abandonna sa pharmacie. Après avoir fait beaucoup de pertes, il se vit obligé de se retirer à Dax, où il se livra à l’agriculture. Il revint à Bordeaux en 1790, et y rouvrit son officine qu’il a laissée à ses enfants, lorsqu’il est mort, le 2 février 1820. Son éloge, qui fut prononcé par M. F. Lartigue, a été inséré dans le recueil de l’académie des sciences de Bordeaux, année 1820. On a de L. Alphonse : 1° Analyse des sources différentes de la ville de Bordeaux et de ses environs ; 2° Mémoire sur la monnaie de billon. Il a encore rédigé divers rapports ou projets sur sa profession et sur le nettoyage des rues de Bordeaux, qui ont été imprimés. Z.


ALPINI (Prosper), médecin et botaniste, naquit le 25 novembre 1553, à Marostica, petite ville de l’État de Venise. Malgré son goût pour la profession des armes, il fut entrainé dans celle de la médecine,