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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/565

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ALY

sur l’époque de cette éclipse ; cependant l’opinion la plus probable est celle de Larcher, qui la fixe au 9 juillet de l’an 597 avant J.-C. les deux princes firent la paix bientôt après, par l’entremise de Syennésis, roi de Cilicie, et de Labynéte, roi de Babylone ; et Alyate donna sa fille en mariage Astyage, fils de Cyaxarès. Il mourut vers l’an 562 avant J.-C., et eut pour successeur Crésus son fils. C-r.


ALYM-GUÉRAI, 34e kan de Crimée, cousin et qalghaï-sultan (lieutenant) d’Arslan, fut choisi par la Porte ottomane pour lui succéder. Sa conduite fut aussi impolitique qu’inhumai ne. Il augmenta considérablement les impôts et les redevances que la Naghaïs payaient au kan de Crimée, leur souverain. La Tatars ne supportèrent d’abord ces vexations que par égard pour deux de ses frères qui étaient leurs gouverneurs particuliers ; mais, l’un des deux étant mort vers l’année 1757, et ayant été remplacé par un des fils du kan, à l’exclusion de ses autres frères, cette infraction aux lois fondamentales de ces peuples excita de vifs murmures : une disette affreuse, survenue à Constantinople, obligea le kan, à qui la Porte demanda des vivres, d’en tirer des Noghaïs. Quoique ces Tatars eussent du superflu, dont ils n’étaient peut-être pas fâchés de se défaire, les exactions que l’on commit à leur égard leur causèrent les plus vifs mécontentements ; d’autres intrigues, ménagées par les ennemis du kan, firent éclater une révolte de la part des Noghaïs. Ils défirent une armée que leur gouverneur, fils du kan, avait conduite contre eux. Alym-Guéraï, dominé par une de ses femmes, qui faisait cause commune avec le jeune gouverneur objet de la haine des Noghaïs, continua de traiter ceux-ci en rebelles. Il leva une armée de 50,000 hommes, dans le mois d’août 1758, et se mit en marche pour réduire lui-même les Noghaïs. Il partit de sa capitale le 25 septembre ; mais il n’arriva pas assez tôt pour arrêter une invasion qui devait lui être funeste. Alym-Guérai leva enfin le masque, et conduisit lui-même les Noghaïs dans le Boudjac, qui est le principal grenier de Constantinople, afin de priver cette capitale de tous les grains qu’elle tire des bords Danube. Une mesure aussi terrible eut tout le succès qu’on devait en attendre : le vizir fut obligé d’abandonner son protégé ; Alym-Guéraî reçut l’ordre positif de sa déposition, dans la nuit du 21 octobre 1758, et il partit pour se rendre en Romélie. « Telle a été, dit Peyssonnel, la fin du règne court et malheureux d’Alym-Guéraï-Kan, ce prince indéfinissable, le plus judicieux, le plus éclairé, le plus éloquent, le plus juste, le plus libéral et le plus aimable qui ait jamais peut-être gouverné les Tatars ; celui qui s’est le plus mal conduit, qui a commis le plus de fautes, qui a a fait le plus d’injustices, qui a fait le moins de bien, et qui est parti le plus détesté, malgré son adresse et son ambition. » L-s.


ALYON (Pierre-Philippe), pharmacien, né dans un village près du Puy-de-Dôme, fut chargé avant la révolution, par le duc d’Orléans, dont il était lecteur, d’enseigner l’histoire naturelle à ses enfants. En 1783, époque à laquelle il s’occupait un peu de médecine, il lut à l’une des sociétés médicales de Paris un mémoire sur les préservatifs des affections vénériennes. Il paraissait alors être convaincu d’avoir trouvé, pour empêcher la propagation de ces maladies, un moyen auquel un ignorant casuiste lui conseilla de ne donner aucune publicité, mais dont l’expérience personnelle ne tarda pas à lui révéler l’inefficacité. Une fois bien convaincu de la futilité des recherches auxquelles il avait consacré en pure perte plusieurs années de sa vie, il finit par où il aurait du commencer, et ne s’occupa plus que du traitement des affections contre lesquelles on n’a pu jusqu’à présent découvrir qu’un seul prophylactique, qui répugne trop souvent aux passions et aux besoins physiques de la nature humaine. Il proposa l’usage de la pommade dite oxygénée et de la limonade nitrique. La mode procura une vogue momentanée à ces deux médicaments, qui sont retombés dans un profond oubli, depuis surtout que des doctrines plus saines et plus rationnelles ont été appliquées à la théorie et à la curation d’une série de maux, si cruels déjà par eux-mêmes, mais dont l’empirisme et la routine avaient depuis plusieurs siècles singulièrement contribué encore à accroître la gravité. Quelque temps après le supplice du duc d’Orléans, Alyon fut arrêté et détenu quelques mois dans les prisons de Nantes. Il entra ensuite dans le service de la pharmacie des armées, et fut successivement pharmacien en chef de l’hôpital du Val-de-Grâce et de celui de la garde impériale. Malgré la faiblesse de sa constitution et les infirmités dont il était accablé, il suivit l’armée dans la campagne de 1812 ; mais il fut obligé de solliciter presque aussitôt son retour en France. Après la victoire de Bautzen, il revint à Dresde et y resta jusqu’à la capitulation du corps d’armée renfermé dans les murs de cette ville. Alyon se consola d’un désastre qui lui montrait la perspective d’une prochaine rentrée dans sa patrie ; mais la capitulation ayant été violée, il subit le sort de la garnison, qui fut envoyée en Bohème, puis en Moravie, et il resta à Znaym jusqu’à la conclusion de la paix générale. Il mourut, à Paris en 1816, âgé d’environ 70 ans. Sous un physique désagréable et un extérieur plus que négligé, il cachait un caractère très-obligeant, dont on était d’autant plus surpris, que cette disposition morale s’accorde généralement peu avec les goûts bien prononcés qu’il avait, surtout, dans ses dernières années, pour un genre de commerce peu élevé, celui de brocanteur. On a de lui : 1° Essai sur les propriétés médicinales de l’oxygène et sur l’application de ce principe dans les maladies vénériennes, psoriques et dartreuses, Paris, an 5, in-8o, ouvrage qui a été réimprimé en l’an 7 (1799), et traduit en allemand, Leipsick, 1798. 2° Cours élémentaire de botanique, Paris, an 7, in-fol. Ce sont des tableaux synoptiques qu’il avait composés dans l’origine pour les enfants du duc d’Orléans. 3° Cours élémentaires de chimie théorique et pratique, Paris, 1787, in-8o, et 1799, 2 vol. in-8o. Il prend encore sur le frontispice de la première édition le titre de Lecteur de S. A. S. Mgr le duc d’Orléans. Alyon a traduit de l’anglais l’ouvrage de Rollo sur les maladies