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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/573

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AMA

de son cheval, crie dans les rues et sur les places publiques : « Voilà les honneurs qui sont dus à celui que le roi prend plaisir à honorer » « Eh bien, reprit Asuérus, tous ces honneurs sont pour Mardochée, hâtez-vous de l’en faire jouir. » Amam, humilié, fut obligé d’aller prendre Mardochée à la porte du palais, et de présider lui-même à la pompe triomphale dont il s’était d’abord cru le héros. Cette première disgrâce ne fut que le prélude de la terrible catastrophe qui devait consommer sa chute. Amam, prosterné aux pieds d’Esther, incliné sur son sopha pour lui demander grâce, est surpris dans cette attitude par Assuérus, qui croit qu’il voulait attenter à l’honneur de la reine. L’ordre est aussitôt donné, et promptement exécuté, de le pendre à une potence de 50 coudées, que l’orgueilleux favori avait fait dresser dans la cour de son palais, pour le supplice de Mardochée ; ses biens furent confisqués au profit de la reine, et la mort de ses dix enfants suivit de près la sienne. La mémoire de ce grand événement, arrivé l’an 453 avant J.-C., fut consacrée par l’institution d’une fête annuelle, qui se célèbre encore aujourd’hui chez les juifs. Elle dure trois jours, commence par un jeune rigoureux, et se termine par une orgie, qui l’a fait confondre avec les bacchanales des païens. On s’y livre surtout aux excès de la boisson, parce qu’on suppose qu’Esther, pour se rendre Assuérus favorable, avait cherche à l’égayer, en le faisant boire au-delà de sa mesure ordinaire. Pendant cette fête, on lit le livre d’Esther dans les synagogues, et, chaque fois que le nom d’Aman est prononcé, on bat des mains et des pieds, les enfants frappent sur les bancs avec des maillets, et, au milieu de ce bruit, la voûte des synagogues retentit des cris de malédiction contre Aman. T-d.


AMAND (Saint), évêque de Bordeaux, sa patrie, succéda dans ce siége à St. Delphin, en 402 ou 403 au plus tard. Il gouverna cette Église avec tant de zèle et tant de vigilance, qu’il fut regardé comme un des plus saints prélats de son temps, St. Amand eut l’avantage de convertir St. Paulin, depuis évêque de Nole, et de l’instruire des vérités de la foi. Ou ignore l’époque de sa mort et le nom de son successeur ; car l’histoire de sa démission en faveur de St. Séverin de Cologne, quoique rapportée par Grégoire de Tours, est un conte apocryphe, réfuté par les meilleurs critiques modernes. De tous ses écrits, qui avaient mérité les éloges de St. Paulin, il ne nous reste que le précis d’une de ses lettres, dans une de celles de St. Jérôme, à qui elle était adressée. C’est sans fondement qu’on lui attribue la conservation des ouvrages de St. Paulin, qu’il précéda vraisemblablement dans le tombeau. (Voy. l’hist. littér. de la France, t. 2, p. 177.) T-d.


AMAND (Saint), né dans le pays nantais, embrassa la vie religieuse dans un monastère de la petite île d’Oye, près de celle de Rhé. Son zèle pour la conversion des païens le conduisit dans la Belgique, où son apostolat eut les plus heureux succès. Pour mieux assurer ses conquêtes spirituelles, il y fonda plusieurs monastères devenus célèbres ; à Gand, celui de Blandiberg, depuis l’abbaye de St-Pierre, et celui de St-Bavon, érigé en cathédrale au milieu du 16e siècle ; aux environs de Tournay, celui d’Elnon, sur la rivière de ce nom, plus connu sous celui d’abbaye de St-Amand. Élu, malgré lui, évêque de Tongres, en 628, il se démit au bout de trois ans de cet évêché, en faveur de St. Remacle, pour reprendre ses travaux apostolique jusqu’à ce que, accablé de fatigues, il se retira dans son monastère d’Elnon, qu’il gouverna encore pendant quatre, ans, en qualité d’abbé, et mourut en 679. Sa vie, écrite par Baudemont, se trouve dans les Bollandistes. T-d.


AMAND (Pierre), chirurgien de la communauté de St-Côme, naquit à Riez en Provence, dans le 17e siècle, et mourut à Paris, en 1720. Il se livra surtout à la pratique des accouchements, et publia des observations sur cette branche de l’art, Paris, 1713, 1715, in-8o. Il imagina une sorte de filet propre à tirer la tête de l’enfant, dans le cas d’enclavement ; mais une pratique plus heureuse y a substitué le forceps. C. et A-n.


AMANDUS (Æneus Salvius), général romain, vers l’an 285, commandait dans les Gaules, sous Dioclétien, avec Auléus Pomponius Ælianus ; tous deux, n’ayant pour adhérents que des paysans et des bandits, eurent l’audace de se faire proclamer empereurs. On prétend que ce fut leur révolte et les troubles qui la suivirent qui déterminèrent Dioclétien à se donner pour collègue Maximien, depuis longtemps son ami. Ce nouvel empereur, qui joignait à de grands vices beaucoup de bravoure et d’activité, se rendit aussitôt dans les Gaules, et, rassemblant les troupes qui s’y trouvaient, il attaqua sur-le-champ les ennemis. Ces paysans s’appelaient Bacaudes ou Bagaudes, du nom d’un château situé à une lieue de Paris, qu’on a depuis appelé St-Maur-des-fossés. Les Bagaudes, après avoir été battus en rase campagne, se réfugièrent dans le château, et s’y défendirent longtemps contre. Maximien. Il parvint cependant à s’en rendre maitre, et le fit démolirr. Amandus périt dans cette guerre : mais les historiens ne donnent aucun détail sur sa mort. Ils ne disent point non plus ce que\devint Ælianus. D-t.


AMANIEU DES ESCAS, troubadour du 13e siècle, qui vécut à la cour de Jacques II, roi d’Aragon : l’abbé Millot pense qu’il était de la famille d’un Giraud d’Amanieu, chevalier gascon, qui, en 1217, vint au secours du comte de Toulouse, contre Simon de Montfort ; quoi qu’il en soit, ses ouvrages annoncent qu’il tenait un rang distingué, et qu’il était très-attaché à la maison d’Aragon. Les quatre pièces qui nous restent de ce troubadour prouvent qu’il était prolixe, et ne faisait pas grâce des plus, petits détails : l’une de ces pièces est une espèce d’épître à sa maîtresse ; elle porte la date de 1278, et parait d’autant plus longue, qu’elle ne contient guère que des lieux communs. Une autre pièce ou vers (c’est-à-dire poëme), dans laquelle Amanieu peint les tourments de l’absence, mérite d’être remarquée, parce qu’il y cite un grand nombre de