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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/597

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AME

il se servit porte encore le nom de saint-augustin. Il avait commencé le même travail sur St. Jérôme ; mais sa mort, arrivée en 1515, ne lui permit pas de l’achever. Il laissa ce soin à ses enfants, qui remplirent ses intentions. Les éditions de Jean Amerbach sont estimées pour leur exactitude. — Boniface Amerbach, son fils aîné, mort en 1562, occupa pendant vingt ans la chaire de jurisprudence à Bâle, passa par toutes les places de la municipalité, et jouit d’une grande réputation de savoir et de probité. Il existe de lui quelques ouvrages. On imprima, en 1659, à Bâle, in-4o, Bibliotheca Amerbachiana, etc. ; cet ouvrage, peu commun, est du nombre de ceux qui servent à l’histoire de l’imprimerie, parce qu’il fait mention de plusieurs anciennes éditions qu’on ne trouve pas facilement dans les plus grands catalogues. C’étaient Érasme et Boniface Amerbach, son exécuteur testamentaire, qui avaient jeté les premiers fondements de cette Bibliothèque. T-d.


AMERBACH (Basile), jurisconsulte, était petit-fils de l’imprimeur de ce nom. (Voy. Amerbach.) Né en 1534, à Bâle, il fut admis, en 1549, à l’académie de cette ville ; et l’année suivante, il obtint le doctorat dans la faculté de philosophie. Ayant, à l’exemple de son père, embrassé l’étude du droit, il se rendit à Bologne ; et, après avoir fréquenté les cours de cette fameuse université, il y reçut le laurier doctoral. De retour à Bâle, il fut nommé recteur de l’académie, charge à laquelle les suffrages du sénat et des curateurs des études le portèrent dans la suite encore quatre fois. Élu professeur du Code en 1561, il succéda, deux ans après, dans la chaire des Pandectes, à son père, homme d’un rare mérite, qu’il remplaça également dans la charge de syndic. Dans l’espace de quelques semaines, il eut la douleur de perdre, avec son père, sa femme et son fils unique, victimes d’une maladie contagieuse. Comme syndic, il eut l’occasion de rendre d’importants services à sa patrie. Il donna une somme considérable pour établir au gymnase une nouvelle classe qui porte encore son nom. Atteint de la maladie à laquelle il a succombé, il résigna tous ses emplois, et mourut deux ans après, le 25 avril 1591. Il fut inhumé dans le couvent des Chartreux, à côté de son père. Sa sœur, Faustine Amerbach, les réunit sous la même épitaphe rapportée dans les Monummta basiliensia, p. 321. En lui finit son illustre famille, chère à tous les amis des lettres. Il possédait un cabinet précieux, commencé par son père, mais qu’il avait enrichi d’un grand nombre de médailles et d’antiquités. On conserve de lui plusieurs ouvrages de droit dans les manuscrits de la bibliothèque de Bâle. Voy. son éloge dans les Athenæ Rauricæ, p. 115. W-s.


AMER BIAKHAM-ALLAH (Abou-Ali-Al-Mansour), 7e calife fathémide d’Égypte, avait à peine cinq ans lorsqu’il succéda à son père Mostaly, l’an 495 de l’hégire (1101 de J.-C.), par les soins du vizir Afdal, qui fut chargé de la régence, et qui, à l’intronisation du nouveau souverain, lui donna le titre de Biakham-Allah (celui qui fait observer la loi de Dieu). Abou Mansour Nezar, oncle du jeune prince, refusa de le reconnaître, et alla se renfermer dans Alexandrie, où, soutenu par le gouverneur, il se fit proclamer calife sous le nom de Mostofi Eddin ; mais il y fut bientôt assiégé par Afdal, qui, s’étant rendu maître de la place, fit prisonniers les deux rebelles, et s’en défit secrètement. Le vainqueur entra dans l’ancienne capitale de l’Égypte avec le jeune calife, que conduisaient ses nourrices et ses gouverneurs. Les chrétiens, qui sous le règne du père d’Amer (voy. Mostaly) avaient conquis Jérusalem, continuaient d’enlever au souverain de l’Égypte ce qui lui restait en Syrie ou en Palestine. L’an 497 (1104), le roi Baudouin, soutenu par une flotte génoise, assiégea Acre par terre et par mer, et l’emporta d’assaut. Le gouverneur, étant parvenu à se sauver, avec une partie de la garnison, se retira en Égypte. Le régent Afdal envoya l’année suivante une armée sous les ordres de son fils, pour réparer ces échecs ; mais le général musulman, n’étant point secondé par les princes de Syrie, fut vaincu entre Ascalon et Jaffa. Les habitants de Tripoli de Syrie, abandonnés par leur prince qui était allé implorer le secours du calife de Bagdad, se donnèrent, l’an 501 (1108), au monarque égyptien, qui ne se rendit à leurs vœux que pour les dépouiller de leurs richesses. Mais deux ans après, Baudoin, Tancrède et le comte de St-Gilles s’emparèrent de cette place en présence d’une flotte égyptienne, qui, retenue à l’entrée du port par les vents contraires, ne put y amener des secours. Les vainqueurs prirent Sidon ; et, poursuivant leurs conquêtes en Phénicie et en Syrie, ils assiégèrent Ascalon, dont ils se seraient rendus maîtres par la trahison du gouverneur, si les habitants indignes ne lui eussent coupé la tête qu’ils envoyèrent en Égypte. Baudouin ne réussit pas mieux devant Tyr, qui, dépourvu de troupes égyptiennes, fut secouru par celles de l’émir de Damas jusqu’à l’arrivée d’une flotte que le vizir d’Égypte y envoya avec des présents pour son généreux allié et pour les principaux officiers de ce prince. L’an 511 (1118), Baudouin fit une invasion en Égypte, où il prit et brûla Farama ; il aurait poussé plus loin ses conquêtes, si la mort ne l’eût frappé subitement prés d’El-Arisch. On vante la sagesse et la douceur de l’administration du vizir Afdal, qui fut, dit-on, l’âge d’or de l’Égypte. Depuis longtemps la mésintelligence régnait entre le vizir et son maître. Celui-ci, jaloux de la puissance ou plutôt des richesses et du mérite de son ministre, avait témoigné le désir d’être affranchi d’un joug qui lui semblait insupportable ; mais il est douteux qu’Afdal ait voulu faire empoisonner le calife, qui ne pouvait lui porter ombrage, et encore moins qu’il n’ait pu y réussir, s’il est vrai qu’il l’ait tenté plusieurs fois. Quoi qu’il en soit, un jour que le vizir rentrait au Caire, incommodé par la poussière que faisait voler devant lui le corps de cavalerie qui précédait sa marche, il prit les devants avec deux de ses gardes. Trois Bathéniens apostés, dit-on, par le calife, l’assaillirent, et le percèrent de leurs poignards. Ils furent presque aussitôt massacrés par les cavaliers qui accoururent au secours de leur maître ; mais Afdal expira en arrivant dans son palais. Amer parut touché de la mort de son vizir. Il