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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/640

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AMY

destinait à occuper la charge de sénéchal de cette petite ville, possédée par un de ses oncles, le fit d’abord étudier en droit : mais la lecture de l’Institution de Calvin lui inspira un tel goût pour la théologie, que ce goût l’emporta sur les arrangements de famille. Après avoir fait son cours d’étude à Saumur, sous Cameron, et rempli pendant dix-huit mois les fonctions du ministère dans le Maine, on l’appela pour remplacer Daillé à l’académie de cette ville, et il entra en exercice le même jour que Louis Cappel et Josué de la Place : ils publièrent tous les trois les Theses Salmurienses, qui eurent une grande vogue dans leur parti. Député, en 1631, au synode de Charenton, il fut chargé de porter en cour le cahier des représentations sur les infractions faites aux édits de pacification, et il obtint la suppression de l’usage humiliant qui astreignait les députés protestants à ne haranguer le roi qu’à genoux. Amyraut était très-attaché à sa croyance ; mais il combattit ouvertement le zèle fanatique de ceux de son parti qui abusaient de leur religion pour semer des maximes, ou faire des démarches contraires à l’obéissance due aux princes légitimes. Il défendit la dignité des rois, et la sûreté inviolable de leur personne, contre les indépendants d’Angleterre, qui firent périr sur l’échafaud le malheureux Charles Ier. Ce fut à cette occasion qu’il se déclara ouvertement pour l’obéissance passive, dans son livre de la Souveraineté des rois. Un ministre de la Rochelle ayant auparavant attaqué ses principes sur cette matière, il l’avait déjà complètement réfuté dans son Apologie pour ceux de la religion. Mazarin l’employa utilement pour contenir les protestants, qu’on cherchait à faire entrer dans les troubles de la fronde. Amyraut sentit vivement le tort que faisaient à la réforme les nombreux schismes qui la divisaient. Ce fut pour ramener tous les partis à un point central de réunion contre l’Église romaine, qu’il composa son traité de Secessione ab Ecclesia romana, deque pace inter evangelicos in negotio religionis instituenda. On dit qu’il traita plus amplement ce sujet dans un livré intitulé Irenicon ; mais nous doutons qu’il existe un pareil ouvrage de lui sous ce titre. Bayle fait l’histoire d’une conférence qu’il eut à Saumur avec le P. Audebert, jésuite, par ordre du cardinal de Richelieu, sur la réunion des catholiques et des reformés ; mais il parait que ce récit est, au moins dans ses détails, une fable de l’invention du fils d’Amyraut, qui avait fourni à Bayle le mémoire sur lequel a été rédigé cet article de son Dictionnaire. Cet habile homme avait l’usage du monde ; il était doux et conciliant. Ces qualités, qui se trouvent rarement chez les théologiens, ne furent pas du goût de tous ceux de son parti ; mais elles lui méritèrent, dans les deux communions, l’estime des personnes les plus distinguées, qui eurent toujours pour lui beaucoup de considération, jusqu’à sa mort, arrivée en 1664. Le grand nombre d’écrits sortis de sa plume, tant en français qu’en latin, sur toutes sortes de matières, prouve sa facilité d’écrire dans les deux langues, et des talents très-variés. Ils sont très-rares aujourd’hui, la plupart n’ayant guère été imprimés qu’une fois, et assez peu recherchés, par le peu d’intérêt qu’exaltent maintenant les matières de controverse. On distingue, dans ce nombre, outre ceux dont il a été fait mention : 1° Traités des religions contre ceux qui les estiment indifférentes ; 2° de l’Élévation de la foi et de l’Abaissement de la raison ; 3° Morale chrétienne, 6 vol. in-8oTraité des songes ; 5° deux volumes contre les millénaires, pour réfuter ; le sieur de Launay, grand partisan du millénarisme ; 6° Traité l’état des fidèles après la mort, dédié à sa femme pour la consoler de la perte de leur fille ; 7° du gouvernement de l’Église, dont l’objet est de soutenir l’autorité et la nécessité des synodes, contre les indépendants, qui voulaient que chaque église particulière se gouvernât par ses propres lois sans aucune subordination à l’autorité des synodes ; 8° Considérations sur les droits par lesquels la nature a réglé les mariages ; 9° Vie de François de la Noue, depuis le commencement des troubles, en 1560, jusqu’à sa mort, en 1591 ; Leyde, 1661, in-4o. Le style en est lourd, les réflexions communes ; l’auteur y prodigue à son héros des louanges exagérées pour les actions les plus ordinaires ; mais on doit lui savoir gré d’avoir rédigé, dans un ordre chronologique, les actions d’un guerrier également estimé des deux partis, et dont la vie intéresse tout bon Français. T-d.


AMYTIS, fille d’Astyages, était mariée à Spitamès, dont elle avait deux fils. Cyrus ayant vaincu Astyages, ce prince s’enfuit à Ecbatane où son fils et son gendre le cachèrent ; mais Cyrus ordonna qu’on les mit à la question, ainsi que leurs enfants ; Astyagès, voulant leur épargner les tortures, se découvrit lui-même ; Cyrus lui donna la liberté, et épousa, par la suite, Amytis, dont il eut Cambyse et Tanyoxercès. Ce récit, que j’abrège beaucoup, n’est fondé que sur le rapport de Ctésias, qui se trouve en contradiction avec tous les autres historiens, et qui mérite peu de confiance. C-r.


ANACHARSIS, Scythe de nation, était fils du roi Gnurus et d’une femme grecque : de sorte qu’avec la langue de son pays, il apprit aussi celle d’Homère. Les beautés qu’il y découvrait chaque jour exaltèrent son admiration pour les peuples qui la parlaient. Bientôt, l’âpreté du climat, la rudesse des mœurs de ses concitoyens, le détermineront à visiter la Grèce. Il quitta les bords du Pont-Euxin, que fréquentaient les nomades auxquels il devait le jour, et se rendit à Athènes, sous l’archontat d’Eucrate, la 1er année de la 47e olympiade (589 ans avant J.-C.). Toxaris, son compatriote, le présenta à Solon, dont il ne tarda pas à devenir le disciple assidu. La pureté de ses mœurs, la rectitude de son jugement, la sagacité de son esprit, lui méritèrent l’amitié du législateur d’Athènes, et, par suite, le titre de citoyen. Il cultiva les lettres, les arts, et connut tous les grands hommes contemporains de Solon. Parti d’Athènes, il visita plusieurs autres contrées de la Grèce. À Cyzique, il vit célébrer la fête de la mère des dieux, et fit vœu, s’il arrivait dans son pays sain et sauf, de sacrifier à la déesse avec les mêmes cérémonies. Ce vœu fut cause de sa perte ; car, ayant voulu l’accomplir dans la ville