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par la vénération qu’ils leur inspirèrent, à conclure la paix, et leur ambassade fut regardée comme le salut des colonies portugaises. Les Tamoyos, chez qui Anchieta resta longtemps en otage, l’appelaient le grand paye (prêtre des chrétiens). Lorsque Memdesa, rassuré sur les projets hostiles des Brésiliens, voulut chasser les Français de Rio-Janéiro, ou ils s’étaient établis, il réclama la coopération d’Anchieta. Ce missionnaire fut nommé par Nobrega commandant des Indiens convertis, et, s’étant mis à leur tête, n’embarqua pour Rio-Janéiro, en 1566, seconda, avec autant de courage que de zèle, l’expédition portugaise, et, pendant les deux années que dura cette guerre, vécut dans les camps, y maintint l’ordre, et vit enfin sa constance couronnée par la prise des deux forteresses que les Français avaient élevées à Rio-Janéiro, et par l’expulsion totale des vaincus. Il contribua également, avec les Indiens convertis, À la fondation de la ville de St-Sébastien, maintenant la métropole de l’Amérique portugaise. Anchieta mourut en 1597, a 64 ans. Les Portugais et les sauvages croyaient également à ses miracles. Les premiers envoyèrent à Rome, après sa mort, un grand nombre de déclarations et d’attestations, en demandant qu’il fût canonisé. Il a laissé différents ouvrages, dont aucun n’a été imprimé : 1° un poëme latin sur la Ste-Vierge, composé pour accomplir un vœu qu’il avait fait lors de son ambassade chez les sauvages ; 2° une grammaire de la langue brésilienne ; 3° un dictionnaire de la même langue ; 4° des sermons en latin, en espagnol, en portugais, en brésilien. La vie de ce vénérable apôtre du nouveau monde a été écrite, en espagnol, par Balthasar Anchieta, son parent ; en portugais, par le P. Simon de Vasconcellos ; en allemand, par Conrad Vetter ; en latin, par Sébastien Beretario ; et en français, par D. Morel. B-p.


ANCHITÉE. Voyez Pausanias.


ANCILLON (David), ne à Metz, le 17 mars 1617, d’un habile jurisconsulte calviniste, fit ses premières études au collège des jésuites, qui firent de vains efforts pour l’engager à changer de religion. Il alla étudier en théologie, à Genève, sous les savants Spanheim, Déodati et Tronchin, fut reçu ministre à Charenton en 1641, et placé, la même année, en cette qualité, à Meaux, où il fit un riche mariage. Il fut appelé, en 1653, dans sa patrie, pour y remplir les mêmes fonctions. Lors de la révocation de l’édit de Nantes, Ancillon se retira d’abord à Francfort, devint ministre à Hanau, d’où la jalousie que ses collègues conçurent de ses talents l’obligea de retourner à Francfort, et de là à Berlin, où il fut pourvu d’une église, et mourut le 5 septembre 1692. Quoiqu’il eût conservé toute sa vie une ardeur extraordinaire pour l’étude, il n’a laissé que peu d’ouvrages, dont les principaux sont : 1° Relation fidèle de tout ce qui s’est passé dans la conférence publique avec M. Bédacier, évêque d’Aost, Sedan, 1657, in-4o : c’était lui qui avait eu cette conférence avec M. Bédacier ; 2° Apologie de Luther, de Zwingle, de Calvin et de Bèze, Hanau, 1666, ouvrage écrit en style pompeux et dans le goût des mystiques ; 3° Vie de Guill. Farel, ou l’Idée du fidèle ministre de Christ, imprimée, sur un manuscrit extrêmement défectueux, à Amsterdam, 1691, in-12. T-d.


ANCILLON (Joseph), né à Metz, en 1626[1], frère puiné de David Ancillon, embrassa la profession d’avocat, et acquit la réputation du plus habile jurisconsulte de la contrée. Lorsque la révocation de l’édit de Nantes força la famille Ancillon de s’expatrier, les compatriotes de Joseph firent tous leurs efforts pour le retenir parmi eux. Les réformes de Metz prétendaient que cette ordonnance ne pouvait les atteindre ; mais leurs efforts pour être exceptés n’eurent aucun succès. Seulement le ministère ferma les yeux sur le séjour prolongé de Joseph Ancillon, qui, un des derniers, quitta la ville de Metz, et alla rejoindre à Berlin sa famille, déjà comblée des bienfaits du grand électeur Frédéric-Guillaume, lequel, profitant de la faute d’un monarque à son déclin, rendit, vingt et un jours après la révocation de l’édit de Nantes, cette déclaration de Potsdam qui donnait une nouvelle patrie aux protestants persécutés. Ancillon devint conseiller de l’électeur et membre du tribunal chargé de distribuer la justice aux réfugiés français. Le Duchat [2] dit « qu’il était homme de belles-lettres, bon théologien, et le meilleur jurisconsulte de sa province. » Desmaiseaux, dans ses Remarques sur les lettres de Bayle (t. 3, p. 1108), lui donne le titre d’homme très-savant. Il mourut à Berlin, en novembre 1719, à l’âge de 93 ans. Joseph Ancillon avait resserré les liens de sa famille en donnant sa fille en mariage à Charles Ancillon, son neveu. (Voy. l’art. suiv.) Il a publié, sans y mettre son nom, Traité de la différence des biens meubles et immeubles dans le ressort de la coutume de Metz, Metz, Brice Antoine, 1698, in-12. Cet ouvrage solide était fréquemment cité autrefois dans les tribunaux de la juridiction du parlement de Metz. C’est à tort que Camus[3] cite trois autres éditions de ce livre ; celle de 1698 est la seule qui ait paru. Barbier (Dictionnaire des anonymes, t. 3, n° 17987) en mentionne une de 1608, dix-huit ans avant la naissance d’Ancillon. Les uns et les autres ont confondu avec son ouvrage des réimpressions de la coutume de Metz. Ancillon avait encore composé plusieurs traités de jurisprudence, tels qu’un Commentaire sur la coutume de Metz, et un Recueil d’arrêts du parlement ; mais ils n’ont pas été imprimés. Des copies du premier traité se sont répandues dans le pays, et l’on invoque souvent son autorité au barreau. — Louis Frédéric Ancillon, mort en 1814, âgé de 70 ans, a laissé quelques bons écrits de philosophie religieuse et de littérature

  1. L’auteur d’un Essai philologique sur les commencements de la typographie à Metz, Metz et Paris, Tilliard, 1828, grand in-8o, M. Teissier, sous-prcéfet de Thionville, qui est ordinairement d’une exactitude mathématique dans l’indication des dates, s’est trompé en tirant la naissance d’Ancillon à l’année 1629 (page 112).
  2. Ducatiana, t. II, page 399
  3. Lettres sur la profession d’avocat et Bibliothèque choisie de droit, 4e édition, donné par M. Dupin, t. II, p. 23.