Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/665

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
649
AND

distingua par un zèle infatigable dans les missions des Indes et de la Tatarie. Si la religion lui a de grandes obligations, la géographie lui doit aussi une découverte importante. En 1624, il pénétra dans le Thibet, probablement visité dans le 13e siècle par Marc Paul, mais, depuis, totalement oublié des Européens. De retour à Goa, ses supérieurs l’employèrent dans plusieurs affaires importantes. Il mourut empoisonné, le 16 mars 1634. La relation de son voyage, qui parut à Lisbonne en 1626, et dans laquelle il confond le pays qu’il avait parcouru avec le Cathay (la Chine), prouve que ses connaissances sur les contrées de la haute Asie n’étaient pas très-étendues. Il est d’ailleurs très difficile de démêler la vérité, au milieu des fables qu’il débite sur le Thibet ; il était réservé à l’Anglais Turner de lever une grande partie du voile qui a longtemps couvert l’antique patrie du grand Lama. Le voyage d’Andrada a été traduit en français, Paris, 1628, in-8o. MM. Péron et Billecocq en ont donné une nouvelle traduction, dans un Recueil de Voyages au Thibet, Paris, 1796, in-18. L. R-e.


ANDRADA (Diégo Payva d’), théologien portugais, né en 1528, à Coimbre. Il était fils du grand trésorier du roi Jean. Son goût le porta d’abord vers les missions ; il avait même commencé à s’y livrer, lorsque le roi don Sébastien l’envoya au concile de Trente, où il parut avec distinction. De retour en Portugal, il y mourut, en 1575. Ses ouvrages sont : 1° Orthdoxarum Quæstionum libri 10, etc., contra Kemnitii petulantem audaciam, Venise, 1564, in-4o, édition rare, et plus correcte que celle de Cologne, in-8o, de la même année. Le premier livre, qui est une apologie des jésuites, fut imprimé l’année suivante, à Lyon. 2° Defensio Trid. fidei libri 6, adversus hæreticor. detestabiles calumnias, Lisbonne, 1578, in-4o, rare et recherchée ; Cologne, 1580, in-8o. Le sixième livre, qui traite de la concupiscence et de la conception immaculée de la sainte Vierge, est le plus curieux, à cause de la diversité des nombreux sentiments que l’auteur y rapporte. 3° De concililorum Autoritate. Cet ouvrage fut bien reçu à Rome, parce qu’Andrada y donne une grande extension à l’autorité du pape. 4° Sept volumes de sermons, et quelques autres écrits. Andrada était un homme d’esprit et d’une grande application ; il a su éviter la sécheresse scolastique, par la vivacité et l’élégance de ses ouvrages. Ce qu’il dit dans les deux premiers en faveur des sages du paganisme, auxquels il attribue la foi qui fait vitre les justes, et, par conséquent, le salut, a été souvent cité par les apologistes de Zwingle, sur cet article. Leibnitz ne manque pas non plus de s’en prévaloir. ─ Diégo eut pour frères François d’Andrada, conseiller et historiographe de Philippe III, auteur d’une Histoire de Jean III, roi dé Portugal, Lisbonne, 1523, in-4o, et de quelques autres ouvrages ; et Thomas d’Andrada, plus connu sous le nom de Thomas de Jésus, réformateur des augustins déchaussés. Il suivit le roi Sébastien dans la malheureuse expédition d’Afrique, fut racheté, et eut la liberté de retourner dans son pays ; mais il préféra rester dans les fers, pour soutenir et encourager ses compagnons d’infortune, employant à les soulager les sommes d’argent que la comtesse de Lignarès, sa sœur, et le roi d’Espagne, lui faisaient passer pour son usage. C’est dans cet état qu’il mourut, en 1582 : il est auteur d’un livre plein d’onction, intitulé les Souffrances de Jésus, composé dans sa prison, traduit en français, 2 vol. in-12. — Diégo d’Andrada, fils de François, mort en 1660, à 84 ans, est avantageusement connu en Portugal par un poëme en 12 livres sur le siége de Chaoul, et par la critique du 1er volume de la Monarchie portugaise, de Bertrand Brito, qui lui avait été préféré pour l’emploi de bibliothécaire du roi. Cet ouvrage, qui parut sous le titre d’Examen des antiquités de Portugal, 1 vol. in-4o, est d’une critique saine et approfondie. Le même a encore donne, en 1630, son Casamento perfecto (le Parfait Mariage), livre d’une bonne morale, assez bien écrit, et qui a eu de nombreuses éditions. T-d.


ANDRADA (Hyacinthe-Freire d’), né à Beja, vers l’an 1597, d’une ancienne famille de Portugal, se distingua de très-bonne heure dans l’université de Coimbre ; il y fit même imprimer, sous le titre de traduction, un écrit espagnol pour défendre les droits de la maison de Bragance. Son mérite le mit en faveur à la cour. d’Espagne. Le duc d’Olivarès l’admit à sa confiance, prit ses conseils dans les affaires importantes, et lui fit obtenir la riche abbaye de Ste-Marie-des-Champs. Ces bientaits n’empêchèrent pas Andrada de soutenir, devant le ministre favori, que le roi d’Espagne n’avait d’autre droit sur le Portugal que celui de la force et de l’usurpation. Il composa même un écrit en faveur de Catherine, duchesse de Bragance. Cette franchise l’aurait fait arrêter, sans la précaution qu’il prit d’aller sa cacher dans son abbaye. Jean IV, remonté sur le trône de ses ancêtres, lui offrit d’être précepteur du prince de Brésil, et, le nomma à l’évêché de Viseu. Andrada refusa, le premier emploi, parce qu’il n’espérait pas tirer beaucoup d’honneur d’un tel élève, et le second, parce qu’il prévoyait que le pape, qui ne reconnaissait pas le nouveau roi, lui refuserait ses bulles. Quelques mécontentements qu’il eut de la cour obligèrent de se retirer à son abbaye ; mais l’ennui l’en ayant chassé, après un assez long séjour il revint se fixer à Lisbonne, où il termina sa carrière en 1657. Andrada était d’un caractère libre, gai et léger, qui le faisait aimer dans la société, et qui nuisit à sa fortune. Il avait composé un livre sur la Trinité, et une vie de don Juan de Castro, vice-roi des Indes, qui périrent dans l’incendie de sa maison. La vie qu’il nous a donnée de ce vice-roi n’est que l’abrégé de celle qui fut brûlée ; elle passe pour l’ouvrage le mieux écrit qu’on ait en portugais. Le P. del Rotto l’a traduite et publiée en latin, à Rome. Le peu de poésies latines que nous avons de cet auteur se trouve dans le Phœnix Renacidæ : elles brillent par leur élégance. ─ Gomez Freire d’Andrada, son neveu, mort général de cavalerie, avait composé une histoire du Maragnon, qui n’a point été imprimée, et qui, dit-on, méritait de l’être. ─ Alphonse d’Andrada, né à Tolède en 1590, avait