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Les ouvrages qu’elle a laisses sont : Mirtilla, favola pastorale, Vérone, 1588, in-8o, et réimprimée plusieurs fois. C’est cette pièce qu’elle avait commencée dès son enfance ; elle n’eut pas, à ce qu’il paraît, un grand succès au théâtre. 2o Rime, Milan, 1601, in-4o. ; Paris, 1605, in-12, etc. La plupart des morceaux qui composent ce volume de poésies, étaient épars dans plusieurs recueils. Il en a reparu d’autres dans le recueil intitule : Componimenti poetici delle piu illustri rimatrici d’ogni secolo, Venise, 1726, in-12. 3o Lettere, Venise, 1607, in-4o ; ces lettres roulent presque toutes sur des sujets d’amour. Ou remarque, comme une singularité bibliographique, que la date de l’épitre dédicatoire, adressée au duc de Savoie porte, ainsi que le frontispice du libre, la date de 1607, et que cependant Isabelle était morte en 1604. 4o Fragmenti d’alcune scritture, etc., fragments recueillis et publiés depuis sa mort, par son mari, Venise, 1616, selon la date de la préface ; mais, au frontispice, 1625, in-8o. Ce sont des dialogues, presque tous roulant sur l’amour, comme ses lettres, et comme tous ses écrits. G-é.


ANDREINI (Jean-Baptiste), fils de François et d’Isabelle Andreini, né à Florence en 1578, fut aussi comédien, et joua les rôles d’amoureux sous le nom de Lelio. Il eut beaucoup de succès en France, Sous Louis XIII, qui, selon l’expression de Riccoboni, dans son Histoire du théâtre italien, le favorisa de son estime. Il était de l’académie des Spensierati, c’est-à-dire des insouciants, et s’intitulait ordinairement : Comico fedele ed accademico spensieratio. Il épousa, sous le nom de Florinda, Virginie Ramponi, comédienne, qui avait aussi du talent pour la poésie. Il en était très-amoureux, et donna son nom à l’une de ses pièces de théâtre. Il en a laissé plusieurs, et quelques poëmes d’un autre genre. Elles ont eu une certaine réputation ; mais celles qui ne sont pas entièrement oubliées aujourd’hui doivent un reste de célébrité à quelques circonstances particulières, plus qu’à leur mérite. Elles ont, dans le style, tous les vices dont la poésie italienne était infectée dans le 17e siècle, et que l’école du Marino y avait introduits : elles ont de plus, dans le choix des sujets, dans le plan et dans la conduite, quelque chose d’extraordinaire et de follement irrégulier, qui tient à l’imagination déréglée de l’auteur ; nous nous permettrons d’en indiquer rapidement quelques traits. Les principaux ouvrages d’Andreini sont : 1o la Saggia Egiziana, dialogo, etc., Florence, 1604, in-4o. Dans ce dialogue, l’auteur fait de grands éloges de l’art dramatique, qui était le sien. 2o Pianto d’Apollo, etc., poésies funèbres sur la mort d’Isabelle Andreini sa mère, avec quelques poésies badines (rime piacevoli) sur un poëte malheureux, Milan, 1606, in-8o. Dans ce recueil, où il a mêlé si bizarrement le genre funèbre et le genre badin, ou même burlesque, il y a des morceaux qui passent pour les meilleurs qu’il ait faits. 3o L’Adamo, représentation sacrée, en cinq actes et en vers libres, mêlée de chœurs et de chants, Milan, 1613 et 1617 ; in-4o, avec des gravures à chaque scène, d’après les dessins du fameux peintre Procaccini Cet ouvrage est le plus célèbre et le plus recherche de J.-B. Andreini. On a prétendu que Milton, voyageant en Italie, l’avait vu représenter, et avait puisé dans ce spectacle l’idée de son Paradis perdu ; mais c’est faire trop d’honneur à un tel ouvrage. Les principaux interlocuteurs sont, il est vrai, le Père Éternel, Adam, Éve, l’archange Michel, et des chœurs de séraphins, de chérubins, d’anges et d’archanges, Lucifer, Satan, Belzébuth, et des chœurs d’esprits ignés, aériens, aquatiques et infernaux ; les sept Péchés Mortels, le Monde, la Chair, la Faim, la Mort, la Vaine Gloire et le Serpent ; mais il n’y a pas le moindre rapport entre l’imagination sublime de l’Homère anglais et les inventions bizarres et mesquines à la fois d’Andreini ; il est cependant vrai que la curiosité des Anglais a fait passer dans leur ile le plus grand nombre des exemplaires de l’Adamo : aussi sont-ils devenus sur le continent très-rares et très-chers. sans que la pièce en soit meilleure. 4o La Florinda, tragédie en cinq actes, en vers, Milan, 1606, in-4o. L’action de cette pièce se passe en Écosse, où jamais sans doute il n’y eut de reine nommée Florinde, femme d’un roi Ircan ; mais Andreini avait comme nous l’avons dit, donné ce nom à son héroïne et à sa pièce, à cause de Virginie sa femme, qui portait le nom de Florinde dans la troupe dont ils étaient chefs. Virginie l’en récompensa par un sonnet à sa louange, qui est imprimé, avec ceux de plusieurs autres pièces, en tête de la Florinda. 5o La Maddalena lasciva e penitente, action dramatique et dévote, Mantoue, 1617, in-4o. Milan, 1620, in-8o, etc. Dans cette pièce, qui est à peu près aussi singulière, et ne vaut pas mieux que l’Adamo, Madeleine est mondaine ou pécheresse pendant les deux premiers actes, et pénitente dans le troisième. La jeune et brillante Madeleine, Marthe sa sœur, Lazare leur frère, trois amants de Madeleine, dont l’un se nomme Samson, l’autre David et le troisième, Ange, son page appelé Baruch, son sommelier Mordacai, son cuisinier Emmanuel, ses deux nains Aron et Lion, les femmes de sa suite, et même trois vieilles de mauvaise renommée, di bassa stima, qui la servent, et doivent marcher courbées et appuyées sur des bâtons : tels sont les personnages des deux premiers actes, où l’on ne parle que d’amour, de galanterie, de fêtes et de bonne chère, et où Madeleine, livrée à toutes les folies de son âge, rejette bien loin les sages conseils que lui veut donner Marthe, sa sœur. Elle se repent au troisième, congédie tout son monde, se couvre d’un cilice, tombe en extase, est enlevée par des anges ; le ciel paraît, la gloire s’ouvre ; quinze anges chantent l’un après l’autre les louanges de Madeleine ; la Faveur divine et l’archange Michel descendent des cieux, et finissent la pièce en exhortant les spectateurs à imiter la sage pécheresse. 6o La Centaura, Paris, 1622, in-12, pièce encore plus bizarre, annonce cette bizarrerie par son titre. C’est un sujet divisé en comédie, pastorale et tragédie. Les acteurs de la pastorale sont réellement une famille de centaures, père, mère, fils et fille, ce qui ne doit pas être, comme on voit, facile à représenter. La scène est dans les bois de l’ile de Crête.