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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/701

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disent que celui qu’il fit pour Junon, fut chanté dans toute la ville, par vingt-sept jeunes filles lors de jeux que donna Salinator pour accomplir le vœu qu’il avait fait, pendant la bataille de Sienne, à la déesse de la jeunesse. Les grammairiens et les critiques citent fréquemment ses vers ; et ces citations sont tout ce qui reste de lui. Elles ont été imprimées, avec les fragments des autres poètes latins, dans les Comici latini, le Corpus Poetarum, la Collectio Pisaurensis et le Théâtre complet des Latins de J.-V Levée. D-t.


ANDRONICUS de Rhodes, philosophe péripatéticien, professa d’abord à Athènes avec peu de succès, puis vint s’établir à Rome, du temps de Cicéron. Tyrannion, l’affranchi de Lucullus, chargé par Sylla, de transcrire les livres inédits d’Aristote qui provenaient de la bibliothèque d’Apellicon, communiqua ces ouvrages à Andronicus. Ce dernier les classa, composa des sommaires et des tables pour les différents livres, et les enrichit même de plusieurs commentaires. On lui avait attribué, jusqu’à présent, une paraphrase des Éthiques à Nicomaque, publiée gr.-lat. par Daniel Heinsius, Leyde, 1607, in-4o, 1617, in-8o, et réimprimée à Cambridge, 1679, in-8o ; mais un manuscrit de la Bibliothèque royale, cité par Ste-Croix, dans son Examen des Historiens d’Alexandre, p. 524, indique, pour auteur de cette paraphrase Héliodore de Pruze. D. l.


ANDROQUE. Voyez Andoque.


ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), architecte, naquit à Orléans, ou, selon quelques écrivains, à Paris, dans le 16e siècle. La faveur du cardinal d’Armagnac lui procura les moyens d’aller se perfectionner dans son art en Italie. L’arc de triomphe dont on voit encore des restent à Pole, en Istrie, attira surtout son admiration, et il reproduisit souvent dans ses compositions les colonnes accouplées qui sont de chaque côté de l’ouverture de ce monument. Le pont Neuf fut commencé le 30 mai 1578, par Androuet, d’après les ordres de Henri III, dont il était architecte ; mais les guerres civiles ne permirent pas que l’artiste achevât cette construction. Ce ne fut qu’en 1604, sous le règne de Henri IV, que Guillaume Marchand y mit la dernière main. Les hôtels de Carnavalet, des Fermes, de Bretonvilliers, de Sully, de Mayenne, etc., furent bâtis par Androuet. Il fut aussi chargé, en 1596, par Henri IV, de continuer la galerie du Louvre, commencée par ordre de Charles IX ; mais il ne put la terminer. Il promenait pour la religion reformée un attachement qui l’obligea de s’expatrier, et de laisser à Étienne du Pérac, peintre et architecte du roi, le soin de terminer le travail. Androuet du Cerceau mourut dans les pays étrangers. Cet artiste, qui est regardé comme un des plys habiles architectes de la France sont : 1o Livre d’Architecture, contenant les plans et dessins de cinquante bâtiments, tous différents, 1559, in-fol, réimpr. en 1611 ; 2o Second Livre d’Architecture, faisant suite au précédent, 1561, in-fol. ; 3o les plus excellents Bâtiments de France, ouvrage dédié à la reine Catherine de Médicis, et imprimé à Paris, en 1576 et suiv., deux parties en 4 volume in-fol., réimp. en 1607 ; 4o Livre d’Architecture, auquel sont contenues diverses ordonnances de plans et élévations de bâtiments pour seigneurs et autres qui voudront bâtir aux champs, 1582, in-fol. ; 5o Les Édifices romains, recueil de dessins gravés des antiquités de Rome, faits sur les lieux, 1585, in-fol. ; 6o Leçons de perspective, 1576, in-Fol. Il grava lui-même, à l’eau forte, les planches qui accompagnent ces divers recueils. D-t.


ANDRY (Nicolas), surnommé Bois-Regard, né à Lyon en 1658, sans fortune, vint à Paris étudier en philosophie, au collège des Grassins, où il se fit répétiteur pour subvenir aux frais de ses études en théologie. Il devint professeur au collège des Grassins, et, en 1687, il commença à se faire connaître dans les lettres par sa traduction du Panégyrique de Théodore le Grand, par Pacatus, et par un ouvrage intitulé : des Sentiments de Cléarque sur le Dialogue d’Eudoxre et Pilante, où il attaquait les opinions philosophiques du P. Bouhours. Dégouté de la théologie, il étudia la médecine, fut reçu docteur à Reims, et, en 1697, à la faculté de Paris. Un peu de mérite, et un grand talent d’intrigue, le firent connaître et réussir ; il fut nommé successivement professeur au collège royal, censeur, et collaborateur au Journal des Savants. Malgré les justes préventions qu’avait inspirées la manière adroite dont Andry avait préparé ses succès, et malgré son caractère satirique et emporté, qui ne lui faisait épargner ni rivaux ni amis, il fut, en 1724, élu doyen de la faculté. Les premiers temps de son décanat furent marqués par les vues les plus sages ; frappé de la supériorité de talent qu’exige l’exercice de la médecine, Andry voulut lui assurer la prééminence sur la chirurgie, et fit conserver à la faculté le droit d’inspection qu’elle avait toujours eu sur les chirurgiens ; mais, en même temps, il voulut assujettir les élèves médecins à des études chirurgicales ; il fit, aussi décréter que nul chirurgien ne pourrait pratiquer l’opération de la taille qu’en présence d’un médecin, etc. Bientôt il voulut dominer la faculté elle-même, et aspira dés lors à faire nommer Helvétius, son ami, premier médecin du roi, et protecteur de la faculté ; mais, deviné par cette compagnie, qui reconnut dans cette apparence de zèle l’ambition particulière du doyen, il ne lui pardonna pas de lui avoir fait éprouver un refus. Des ce moment Andry s’efforça de perdre ceux des membres de la faculté qui s’étaient opposés à son projet, et, dans cette vue, il ne rougit pas d’altérer l’opinion que cette faculté avait émise sur la bulle Unigenitus, afin de lui nuire dans l’esprit du ministre. L’affaire se termina à sa honte, en 1726, et ; pour prévenir un semblable abus, il fut décidé que les décrets de la faculté seraient dorénavant signés par plusieurs docteurs, afin que le doyen ne pût rien y changer. L’on devine la haine que, dés lors, la faculté porta à Andry : elle s’augmenta encore par les querelles particulières qu’il eut avec plusieurs de ses membres, Hecquet, Lémery, le célèbre J.·L. Petit, et par divers écrits polémiques et injurieux auxquels ces querelles donnèrent