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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/703

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ANE

obligé de supprimer sa voiture, et fit ses visites à pied, appuyé sur le bras d’un domestique. Enfin les forces lui manquèrent, et il ne sortit plus de son cabinet où il donnait des consultations gratuites. S’étant tenu constamment au niveau de la science, il n’avait aucun des préjugés des vieux médecins. Il fut un des plus zélés propagateurs de la vaccine, et adopta sans hésiter toutes les améliorations que l’expérience faisait reconnaître. Andry reçut du roi le cordon de Saint-Michel, sans l’avoir sollicité. Il mourut le 8 avril 1829 à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Par son testament qui se termine ainsi : « Je ne demande que des prières, » il prescrivit formellement que ses obsèques fussent faites sans pompe, et qu’on ne lui élevât aucun monument. Ses intentions à cet égard n’ont été que trop bien remplies ; et, sans l’auteur d’une notice citée à la fin de cet article, on ignorerait que les restes de cet excellent homme sont déposés au cimetière du Père la Chaise. Andry laissa une belle collection de livres rares et curieux dont le catalogue a été publié par MM. De bure, Paris, 1830, in-8o. Outre des thèses et des dissertations en latin et en français, on a de lui : 1° Le manuel du jardinier, trad. de l’italien de Mandirola, Paris, 1765, in-8o, sous le pseudonyme Randy. 2° Matière médicale, extraite des meilleurs auteurs, et des leçons de Ferrein, ibid., 1770, 3 vol. in-12. 3° Recherches sur la rage, ibid., 1778, 1779, in-8o. Ces deux éditions d’un excellent ouvrage furent imprimées par ordre du gouvernement pour être distribuées dans les provinces. Les mêmes augmentées du traitement fait à Senlis, ibid., 1780, in-8o ; trad. en allemand, Leipsick, 1785, in-8o. Les Recherches d’Andry ont été insérées dans les Mémoires de la Société de méd., t. 1er, p. 104. 4° Observations et recherches sur l’usage de l’aimant en médecine (avec Thouret), ibid., 1783, in-8o ; et dans les Mémoires de la Soc. de méd., t. 3, p. 531. 5° Recherches sur la mélancolie, ibid., 1786, in-4o ; et dans les Mémoires précités, t. 5, p. 89. On lira avec intérêt : Hommage à la mémoire d’Andry, par G. Lardin, Paris, 1830, in-8o de vingt pages. W-s.


ANEAU (Barthélemy), dit Annulus, qualifié par La Croix du Maine, de poète latin et français, historien, jurisconsulte et orateur, naquit à Bourges vers le commencement du 16e siècle, fut professeur de rhétorique an collège de la Trinité, à Lyon, vers 1530, et en devint principal en 1542. Il suivait dans ses poésies, le goût de son siècle, qui applaudissait aux pointes, aux jeux de mots, et aux équivoques souvent grossières. Ce poète mourut d’une mort malheureuse. Le 21 juin 1565,jour de la Fête-Dieu, une pierre ayant été jeté, d’une des fenêtres du collège, sur le prêtre qui portait le saint-sacrement à la procession, le peuple, irrité, monta en foule dans le collège, massacra Aneau, qu’on crut auteur de cet attentat, sur le soupçon qu’il était protestant. Aneau a laissé cent quatre pièces en vers latins, quelques-unes en vers grecs, et plusieurs autres ouvrages, parmi lesquels on remarque : 1° Mystère de la Nativité par personnages composé en imitation verbale et musicale de diverses chansons. Ce mystère se trouve dans un volume intitulé Chant natal, contenant sept noëls, un chant pastoral et un chant royal, Lyon, 1539, in-4o. Il a été imprimé dans le même format en 1559, sous le titre de Genethliac musical et historical de la Conception et la Nativité de Jésus-Christ. 2° Lyon marchant, satyre française sur la comparaison de Paris, Rouen, Lyon et Orléans, Lyon,, 1542, in-4o. Ce drame qui fut joué en 1541, sur le théâtre du collège de la Trinité, est en vers de différentes mesures, et à neuf personnages ; les acteurs y font des récits sur les aventures qui leur sont personnelles, ainsi que sur les principaux événements arrivés en Europe, depuis 1524 jusqu’en 1540. 3° Les Emblèmes d’André Alciat, traduits vers pour vers, Lyon, 1549, in-8o. réimprimés en 1558, in-16. 4° Picta Poesis, Lugduni, 1552, in-8o. C’est un recueil d’emblèmes ou de vers grecs et latins, que cet auteur a publié lui-même sous ce titre : Imagination poétique, traduite en vers françois, des latins et grecs, par l’auteur d’iceulx, Lyon, 1552, in-8o. 5° La République d’Utopie, traduite du latin, de Thomas Morus, Paris, in-8o, et Lyon, in-16. 6° Alector, ou le Coq, histoire fabuleuse, en prose françoise, tirée d’un fragment grec, Lyon, 1560, in-8o, sur le compte de laquelle le savant critique Bernard de La Monnoie s’exprime ainsi : « C’est un mauvais ouvrage, où de bonnes gens croient voir un sens mystique merveilleux, quoiqu’il n’y en ait pas plus que dans les fanfreluches de Rabelais. Aneau, d’ailleurs, pauvre écrivain, soit en latin, soit en français, feignait, pour donner plus de poids à son ouvrage, de l’avoir traduit d’un fragment grec. Aneau état lié avec Clément Marot. R-t.


ANEAU (Lambert d’). Voyez Daneau.


ANEL (Dominique), chirurgien français, qui mérite, dit Portal, une place distinguée dans l’histoire de la chirurgie, pour avoir inventé la nouvelle méthode de guérir les fistules lacrymales (Voy. Hist. de la chirurgie, t. 5, p. 396), n’en a pas moins été oublié jusqu’ici dans la plupart des biographies[1]. Né vers 1679, à Toulouse, il fut admis fort jeune comme élève interne[2] à l’hôpital St-Jacques de cette ville, et fit de rapides progrès dans l’art où il devait s’illustrer un jour. Dès l’âge de vingt ans il recueillit une observation fort curieuse sur le ramollissement des os, qui fut imprimée dans le Mercure (janvier 1700). Le désir de perfectionner ses connaissances l’amena peu de temps après à Montpellier, ou il suivit les leçons des plus célèbres professeurs. Ayant obtenu par le crédit d’un de ses amis une place de chirurgien à bord d’un vaisseau, il fit une campagne sur mer ; mais, voyant qu’il n’y gagnait rien sous le rapport de l’instruction, il traita de sa place et vint à Paris, où pendant trois ans il resta sous la

  1. Il n’a pas d’article même dans la Biographie toulousaine ; mais il en a un dans la Biographie médicale, Paris, 1820.
  2. Ces élèves se nommaient alors des garçons chirurgiens. Portal s’est trompé en distinguant le garçon chirurgien de l’hôpital de Toulouse de l’inventeur de la méthode pour guérir les fistules lacrymales.