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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/719

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ANG

historique renferme une énumération circonstanciée des femmes qui, élevées au souverain pouvoir, en ont manifestement abuse. 9° Plusieurs traités sur des questions de droit, dont quelques-uns ont été longtemps consultés. 10° Ses différentes exhortations à ses élèves pour maintenir en eux l’amour de l’étude, parmi lesquelles on distingue celles sur l’inconstance de la fortune, et l’éloge ingénieux de la danse et de la musique, tiré en grande partie de Lucien. Jurisconsulte, historien, poète, d’Angleberme, né avec les plus heureuses dispositions, et familier avec les meilleurs écrivains de l’antiquité, eût mérité dans l’histoire une place plus élevée, si, comme tant d’autres écrivains de son temps, il n’eût trop souvent surchargé ses écrits du poids d’une érudition indigeste ou déplacée. P-d.


ANGLÈS (Charles-Grégoire), né le 4 septembre 1756 à Veynes en Dauphiné, où sa famille était établie depuis plusieurs siècles, fit ses études à Grenoble, chez les jésuites, et devint conseiller au parlement. Il se montra fort opposé à la révolution, et fut oblige de se réfugier en Savoie à l’époque de la terreur ; mais ayant voulu rentrer en France, il y fut arrêté et longtemps détenu dans les prisons de Grenoble. Il allait être traduit devant la commission révolutionnaire d’Orange, et sa mort était inévitable, lorsque la chute de Robespierre le sauva. Il vécut depuis ce moment dans la retraite, et ne remplit pas d’autres fonctions que celles de maire de son village jusqu’à la restauration des Bourbons. Anglès fut alors nommé premier président de la cour royale de Grenoble, puis membre de la chambre des députés par le département de l’Isère ; il a présidé cette chambre comme doyen d’âge pendant six sessions consécutives, votant toujours avec le côté droit, et ne manquant aucune occasion de combattre les opinions révolutionnaires. Il prit beaucoup de part aux lois répressives de la presse. Ce magistrat est mort le 5 juin 1825. — Son fils, le comte Jules Anglès, né à Grenoble en 1778, acheva ses études à l’école polytechnique, fut nommé auditeur au conseil d’État, et devint en 1808 intendant d’une partie de la Silésie, puis de la basse Autriche, avec le titre de maître des requêtes. Sa conduite dans ces différentes fonctions lui fit donner le titre de comte par le gouvernement impérial, et il fut ensuite nommé directeur de la police des départements au delà des Alpes. Il remplissait à Paris ces importantes fonctions lorsque les alliés s’emparèrent de cette ville en 1814. Aussitôt après leur entrée, le gouvernement provisoire chargea la comte Anglès du ministère de la police générale, que venait d’abandonner le duc de Rovigo. Il s’acquit à la satisfaction de tous de cet emploi alors si difficile ; et des que l’ordre fut rétabli, il rentra au conseil d’État. Le roi voulut le rendre à des fonctions plus actives, lorsque Napoléon eut quitté l’île d’Elbe en 1815. Nommé commissaire civil, il fut alors chargé d’accompagner à Lyon le frère de Louis XVIII ; mais les événements se succédèrent avec une telle rapidité, qu’il eut a peine le temps de se mettre en route, et dut accompagner le roi dans son nouvel exil. Anglès passa en Belgique toute l’époque des cent jours. Revenu en France Louis XVIII, il fut chargé de présider le collège électoral des Hautes-Alpes. Il devint ministre d’État, et enfin préfet de police de Paris. sous le ministère de M. Decazes. Ayant essuyé quelques reproches à l’occasion de l’assassinat du duc de Berri, Anglès donna sa démission et alla vivre dans une terre près de Roanne, où il est mort le 16 janvier 1828. Il avait épousé la fille de l’amiral Morard de Galles, dont il eut deux fils. M-d j.


ANGLIVIEL. Voyez Beaumelle (La).


ANGLURE (Saladin ou Oger d’), natif d’Anglure près de Sézanne en Brie, vivait du temps de Philippe-Auguste, aïeul de St. Louis. Ayant accompagné ce prince, en 1204, dans ses expéditions d’outre-mer, il fut fait prisonnier dans une bataille par les troupes de Saladin. Le soudan, instruit de la bravoure que le guerrier français avait montrée dans le combat, le relâcha sur sa parole de lui payer dans un certain temps une rançon considérable. D’Anglure se rendit en France, avec l’intention de remplir sa promesse ; mais tous ses efforts pour trouver la somme exigé ayant été vains, il aima mieux retourner auprès du soudan et reprendre ses fers, que de manquer à sa parole. Saladin fut si touché de cette grandeur d’âme, que, bien différent des Corthaginois, il renvoya sans rançon ce nouveau Régulus, et lui dit : « J’exige seulement qu’a l’avenir vous et vos descendants portiez le nom de Saladin, en reconnaissance de la grâce qu’il vous accorde. J-b.


ANGLUS (Thomas), prêtre catholique anglais, du 17e siècle, se déguise sous les noms de Candidus, Albius, Bianchi et Richworth ; on croit que son vrai nom était White (le Blanc), mais il est plus généralement connu sous celui d’Ang|us. Il résida longtemps à Paris et à Rome, et fut successivement principal d’un collège à Lisbonne, et sous-principal de celui de Douai. Il adopta les sentiments de Kenelm Digby sur la philosophie d’Aristote, et entreprit d’expliquer par elle les mystères les plus impénétrables de la religion, tels que la prédestination, le libre arbitre et la grâce. Il a écrit, sur ces divers sujets, des ouvrages dont l’obscurité est comparée par Baillet ai celle des anciens oracles. Anglus répondit à ce reproche d’obscurité d’une manière assez remarquable : « Ou les savants m’entendent, dit-il, ou ils ne m’entendent pas. S’ils m’entendent, et qu’ils trouvent que je me trompe, il leur est aisé de me réfuter ; s’ils ne n’entendent point, ils ont tort de s’élever contre ma doctrine. » Plusieurs de ses écrits ont été censurés à Rome, en 1658, par la congrégation de l’Index, et les théologiens de Douai ont condamné vingt-deux propositions extraites de ses Institutions sacrées. Descartes, qui l’appelle M. Vitus, essaya de lui faire adopter son système ; mais ils ne purent s’entendre. Anglus mourut quelque temps après le rétablissement de Charles II. Ses principaux ouvrages sont : 1° Institutiones peripateticæ ; 2° Appendix theologica de origine mundi ; 3° Tabulæ suffragiales de terminandis fidei litibus ab Ecclesia catholica fixa ; 4° Tesseræ romanæ Evulgatio ;