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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/83

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ABE

reprocha de n’avoir point assez écouté les avis de ce général, dont le corps avait eu des succès et s’était emparé de Horn. L’armée anglo-russe fut défaite de nouveau, le 2 octobre, et Abercromby eut deux chevaux tués sous lui dans cette journée. Ces revers ne lui firent rien perdre dans l’opinion publique, et n’empêchèrent pas qu’il ne fut regardé comme l’un des meilleurs de l’armée britannique. Il se retira quelque temps en Écosse, et fut bientôt désigné pour commander l’expédition qui se préparait pour la Méditerranée. Tout entier a ses grands desseins sur l’Égypte, qu’occupaient alors les Français, il refusa de se rendre aux sollicitations du roi de Naples, qui le pressait de débarquer ses troupes dans ce royaume, où s’étendait le feu de l’insurrection. Ce fut le 1er mars 1804 que la flotte anglaise parut dans la rade d’Aboukir. Le 7, Abercromby ordonna le débarquement, et força les troupes françaises qui défendaient la côte il se retirer. Il attaqua d’abord le fort d’Aboukir, dont il s’empara, et marcha ensuite sur Alexandrie, a la tête d’une armée de 16,000 hommes. Il s’avançait avec précaution, couvrant sa marche par des ouvrages et des lignes de défense. Le 21 mars, il fut attaqué dans ses retranchements par l’armée française, sous les ordres de Menou (voy. ce nom). Malgré leur bravoure, les Français furent repoussés sur tous les points. Les troupes revinrent cependant à la charge, et la cavalerie pénétra jusqu’à la seconde ligne de l’infanterie anglaise et de la rêserve : Abercromby, qui s’y trouvait avec son état-major, fit des prodiges de valeur, et fut blessé mortellement. Il eut assez de sang-froid et de courage pour cacher sa blessure jusqu’au moment où le sort de la bataille fut décidé. Le général Hutchinson prit alors le commandement, et fit poursuivre les Français, qui abandonnèrent successivement toutes leurs positions. Cette bataille entraîna pour eux la perte de l’Égypte, et confirma la haute opinion que les Anglais avaient de leur général. Il mourut sept jours après, à bord d’un vaisseau qui le conduisait à Malte. Ses restes furent déposés dans cette île, à la suite d’une pompe funèbre à la fois simple et touchante. Abercromby avait été deux fois appelé à siéger au parlement connue député du comté de Kindoss ; mais il est plus connu par ses services militaires que par ses travaux législatifs. — Deux de ses frères étaient entrés, comme lui dans la carrière des armes ; l’un d’eux fut tué a la bataille de Bunker’shill en Amérique. B-p.


ABERCROMBY (sir John-Robert), lieutenant général anglais, né en 1774, embrassa de bonne heure la carrière des armes, et se trouvait, dès 1790, à la tête d’un corps, de troupes anglaises destinées à combattre Tipoo-Saéb. Dans le mois de janvier 1791, il envahit les États de la reine de Cananore, alliée du sultan, et six mois après il s’établit sur quelques points du royaume de Mysore. Nommé gouverneur de Bombay le 20 octobre 1793, il passa ensuite au gouvernement de Madras, et il eut sous ses ordres toutes les troupes anglaises en deçà et au delà du Gange. Dans la même année, il s’empara des comptoirs que la Hollande possédait encore sur la côte du Malabar. Rappelé en Europe à cette époque sans que l’on connaisse la cause de cette révocation, il cessa d’être employé, et devint membre du parlement. Il fit plusieurs voyages sur le continent, et se trouvait en 1817 à Marseille, ou il mourut le 14 février. Ses obsèques s’y firent avec beaucoup de solennité, et on lui rendit tous les honneurs dus à son grade. M-d j.


ABERLI (Jean-Louis), peintre de paysages, né à Winterthur en 1723, mourut à Berne en 1786. Après avoir passé trois ans chez un peintre médiocre à Zurich, il vint à Berne, et reçut de meilleures instructions chez J. Grim. Il peignit d’abord le portrait. En 1759 il fit un voyage à Paris. Ses dessins coloriés de paysages suisses ont fait époque, et ont trouvé un grand nombre d’imitateurs, parmi lesquels Rietter et Biderman ont égalé et même surpassé leur maître. Les plus grandes et les plus belles de ses 50 planches représentent les vues de Cerlier, d’Yverdun, de Muri et de Vimmis. Son ami Rietter, qui, depuis 1777, avait partagé ses travaux, tant pour le dessin que pour la gravure, a donné sa vie dans le Journal helvétique des Arts et de la Littérature (en allem. cah. 1 à 3, Zurich, 1806). U-i.


ABERNETHY (Jean), théologien irlandais, ne à Colraine, dans le comte de Londonderry, en 1680. Fils d’un ministre presbytérien, il se destina à la même carrière. Dans les troubles qu’occasionna en Irlande l’insurrection de 1689, ses parents l’envoyèrent en Écosse pour y suivre ses études. Il les fit avec succès, et à vingt et un ans il revint en Irlande, où il se distingua par des sermons fort goûtés, et par des écrits qui, pour la plupart, étaient purement polémiques ; car, dans ces temps-là, où dominaient l’esprit de secte et le goût de la controverse, la vie des théologiens, même les plus éclairés, se passait presque en entier dans les querelles religieuses. C’était le règne du fanatisme, de l’intolérance et de la haine théologique. Trois communions religieuses étaient établies en Irlande, mais y exerçaient une influence très-inégale. La religion catholique, adoptée généralement par les classes inférieures, avait pour elle les quatre cinquièmes de la nation ; mais elle était opprimée par des lois rigoureuses qui excluaient de toute participation aux fonctions publiques ceux qui la professaient. La communion anglicane, beaucoup moins nombreuse, était la plus puissante, parce que c’était celle du gouvernement, des fonctionnaires publics et de tous les grands propriétaires. Un assez grand nombre de presbytériens et d’autres sectaires, qu’on appelait dissidents (dissenters), parce qu’ils refusaient de souscrire au symbole anglican et de prêter le serment du Fest, exigé par le gouvernement, formaient une troisième secte, dont les membres, moins nombreux encore que les anglicans, et, comme les catholiques, exclus de toute participation aux places, étaient, par une suite nécessaire de toute persécution, plus éclairés dans leur doctrine, plus zélés dans leur croyance, et plus réguliers dans leurs mœurs. Les dissidents irlandais formaient plusieurs congrégations distinct, qui avaient chacune leur pasteur. Non seulement le synode jugeait de la capacité des jeunes ecclésiastiques qui aspiraient aux fonctions du ministère, mais