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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/120

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et combien l’héritage malheureux de l’Empire a encore été dilapidé entre nos mains.

» Nous avons subi la distinction de l’armée et de la mobile, mais c’est nous qui avons inventé les mobilisés, multiplié les uniformes et les systèmes, exclu les hommes mariés de la défense nationale sous le prétexte invalide que cela ruinerait le pays. Est-il assez ruiné désormais le pays ?

» Et quels organisateurs incapables ; ils n’avaient qu’une seule crainte, avoir trop de monde à instruire ; ils excluaient du recrutement autant de monde qu’il leur était possible, ils ne savaient ni réunir les hommes ni les commander et le gouvernement multipliait leur travail par la création déraisonnable de camps d’instruction.

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» Ils avaient cependant une tâche déterminée à accomplir dans un temps déterminé, instruire les soldats à cette tâche difficile avait ajouté celle de créer dans le même temps des baraquements nombreux en faisant de nouveaux corps.

» L’artillerie n’a pas su sacrifier un clou de son matériel savant et durable, ses canons et ses affûts, ses caissons, ses harnais dureront quarante ans, c’est vrai, mais ils ne seront jamais achevés qu’après la guerre.

» Ayant besoin de faire vite, avons nous simplifié notre armement ? Non. Nous l’avons compliqué par l’adoption du canon rayé. Nos défaites ne tenaient pas à l’armement défectueux, mais à des causes d’un ordre incomparablement plus élevé.

» Le canon rayé est bon pour les badauds, ayons des canons lisses et tâchons de nous en servir.

» La cavalerie a été aussi méthodique que l’artillerie et aussi incapable sur les champs de bataille. »

(Rossel, Papiers posthumes, recueillis en 1871 par Jules Amigues.)