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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/138

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donnés, émiettés même, afin de soulager un peu toutes les détresses, et aussi afin d’engager encore et toujours, à ne jamais se rendre.

Si quelqu’un, devant le comité de secours pour les victimes de la guerre, eût parlé de reddition, il eût été mis à la porte, aussi énergiquement que dans les clubs de Belleville ou de Montmartre. On était les femmes de Paris tout comme dans les faubourgs, comme il me souvient de la société pour l’instruction élémentaire où à droite du bureau dans le petit cabinet j’avais ma place sur la boîte du squelette, j’avais à la société de secours, ma place sur un tabouret, aux pieds de madame Goodchaux, qui ressemblant sous ses cheveux blancs, à une marquise d’autrefois, jetait parfois en souriant, quelque petite goutte d’eau froide sur mes rêves.

Pourquoi étais-je là une privilégiée ? je n’en sais rien, il est vrai, peut-être que les femmes aiment les révoltes. Nous ne valons pas mieux que les hommes, mais le pouvoir ne nous a pas encore corrompues.

Et le fait est qu’elles m’aimaient et que je les aimais.

Lorsqu’après le 31 octobre je fus prisonnière de M. Cresson, non pas pour avoir pris part à une manifestation, mais pour avoir dit : Je n’étais là que pour partager les dangers des femmes, ne reconnaissant pas le gouvernement ! — madame Meurice, au nom de la société pour les victimes de la guerre, vint me réclamer au même moment où, au nom des clubs, Ferré, Avronsart et Christ y venaient également.

Combien de choses tentèrent les femmes en 71 ! toutes, et partout ! Nous avions d’abord établi des ambulances dans les forts, et comme nous avions contre l’ordinaire usage trouvé la défense nationale disposée à nous accueillir, nous commencions déjà à croire les gouvernants bien disposés pour le combat, lorsqu’ils