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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/161

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légués l’impression de cette séance. Voici celui de Malon.

23 mars 71, 6 h. 1/2 du matin.

« Je quitte le palais de l’assemblée sous le coup de la plus douloureuse émotion. La séance vient de se terminer par l’une de ces épouvantables tempêtes parlementaires dont les seules annales de la Convention nous aient légué le souvenir ; mais du moins quand on relit ces sombres pages de la fin du siècle dernier, le dénouement console toujours des tristesses tragiques du drame. La patrie, la République, sortent plus grandes de ces crises et le débat plus tourmenté enfante quelque héroïque résolution.

» Vous ne trouverez rien de pareil au bas de mon récit.

» Les deux premières tribunes de droite de la première galerie s’ouvrirent et les spectateurs qui les remplissent se lèvent et sortent, treize maires de Paris, l’écharpe en sautoir apparaissent.

» Aussitôt, éclatent, sur tous les bancs de la gauche, des applaudissements frénétiques et des cris répétés de Vive la République ! quelques-uns ajoutent Vive la France !

» Alors, sur quelques bancs de la droite ce n’est plus de la colère, c’est de la fureur, du délire, on crie à l’attentat, on montre le poing aux maires.

» Bon nombre de députés s’élancent vers la tribune où se démène encore le malheureux Raze, lui montrant le poing ; montrant le poing au président, le tumulte est effroyable, indescriptible.

» Enfin, d’épuisement sans doute, le bruit diminue, l’extrême droite se couvre, et commence à gagner la porte.

» Le président, qui avait sonné la cloche d’alarme pendant toute cette tempête, se couvre et déclare la