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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/167

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Quand la manifestation fut assez nombreuse, ceux qui la composaient, la plupart élégants et jeunes, s’engagèrent dans la rue de la Paix conduits par des bonapartistes connus, M. de Pène, de Coetlogon, de Heckeren ; un drapeau sans inscription flottait en tête de la colonne.

Des gardes nationaux sans armes s’étant informés du but de la démonstration, furent insultés et grossièrement maltraités ; ils gagnèrent la place Vendôme où étaient des fédérés en armes, qui allèrent en ordre de bataille reconnaître les manifestants, mais avec défense de tirer.

À la rencontre des deux troupes la manifestation devint agressive et aux cris de : À bas le comité ! à bas les assassins ! les brigands, vive l’ordre ! Un coup de revolver blessa Maljournal du comité central.

Quelque débonnaires que fussent les gardes nationaux, il fallut bien voir qu’on n’avait pas affaire à une démonstration pacifique.

Bergeret fit faire une première sommation, puis une seconde, on alla jusqu’à dix.

À la fin de cette dernière les cris : Vive l’Ordre, à bas les assassins du 18 mars ! s’élevèrent mêlés à des coups de feu. Alors les gardes nationaux ripostèrent ; il fallait repousser l’attaque.

Et c’est une caractéristique de ces fédérés au cœur doux, faisant si bon marché de leur vie et si soigneux de celle des autres, bon nombre encore tirèrent en l’air comme au 22 janvier.

Quelle peine ils avaient, ces assassins du 18 mars, à viser des poitrines humaines.

Il n’en était pas de même du côté des assaillants, les fenêtres se mirent de la partie et sans la prudence des fédérés il y aurait eu là une litière de morts.

Beaucoup de manifestants tiraient si mal, il est vrai, qu’ils se blessaient les uns les autres. Tant de rage