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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/208

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rentrait par cette porte, pourquoi voyait-elle devant ses yeux les noms de Mariano, de Pineda, de Riego, de Lacy et de l’Empecinado, victimes de son père, et je le répète les ducs de Savoie suivaient pauvres et mendiants le char de Charles-Quint, de Philippe II et de Philippe V. »

Combien est loin de nous cet orgueil de la vieille Espagne de la séance du 20 avril 71, cet orgueil tragique qui, involontairement, faisait penser au Cid, si bien qu’on croyait, en écoutant, voir passer des spectres dans des gloires. Voilà qu’après vingt-six années, en place de ces fantômes montrant du doigt leurs ancêtres, on tombe à la forteresse horrible de Montjuich avec ses bourreaux tortureurs et sur les assassins de Maceo.

La proclamation de la République en France avait enthousiasmé la jeunesse russe ; la santé de la République et celle de Gambetta avaient été portées à Saint-Pétersbourg et à Moscou : de loin, elle était si belle !

Le tzar, épouvanté, se concerta avec la police : il y eut des arrestations dans toute la Russie et, pour rassurer son maître, le chef de la police prétendit tenir entre ses mains les fils d’un grand complot ; mais il ne tenait que les clefs des cachots et les instruments de torture.

La légion fédérale belge, les sections de l’Internationale en Catalogne et dans l’Andalousie envoyaient à la Commune le salut des fils de Van Artevelde et celui des artistes peintres, écrivains, savants, héritiers des Rubens, des Grétry, des Vesale et des véritables fils de l’Espagne fière et libre. L’horizon était enfin pour la délivrance de l’humanité tandis que, donnant de la voix dans la chasse abominable contre Paris, les journaux de l’ordre, à Versailles, inséraient de lâches appels à l’égorgement :

« Moins d’érudition et de philanthropie, messieurs, mais plus d’expérience et d’énergie ; si cette expérience