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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/229

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Paris, quelques agents de Versailles, envoyés par M. Thiers pour se réunir à un point donné et organiser la trahison, devaient s’introduire par des bouches d’égout, mais ils avaient si mal calculé leur affaire, que plusieurs d’entre eux, pris comme des rats à l’orifice et n’en pouvant sortir, durent appeler pour les tirer de là des ennemis de bonne volonté : la mèche était éventée.

D’autres agents, cherchant à fomenter des haines entre le comité central et la Commune, s’étaient montrés si bassement flatteurs, qu’ils s’étaient dénoncés eux-mêmes.

On riait de tout cela, entre les obus et les balles, explosibles ou autres.

La porte Maillot tenait toujours avec ses légendaires artilleurs, en petit nombre, des vieux, des jeunes, quelquefois servis par des enfants.

Dans la matinée du 9 avril, un marin nommé Fériloque avait eu le ventre ouvert sur sa pièce. On connaissait ce nom-là.

On connut Craon, d’autres sont restés inconnus. Qu’importe leur nom, à tous ; c’est la Commune, c’est sous ce nom-là que leurs légions seront vengées.

Comme des formes de rêve ainsi passent les bataillons de la Commune, fiers avec leur libre allure de révoltés, les vengeurs de Flourens ; les zouaves de la Commune, les éclaireurs fédérés semblables aux guérillas espagnols, prêts aux audacieuses entreprises, enfants perdus, qui avec tant d’entrain sautaient de tranchée en tranchée en avant.

Les turcos de la Commune, les lascars de Montmartre avec Gensoule et d’autres encore.

Tous ces braves au cœur tendre que Versailles appelait des bandits, leur cendre est à tous les vents, les os furent mordus par la chaux vive ; ils sont la Commune, ils sont le spectre de mai !