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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/23

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Pourtant, le cri : La paix ! la paix ! couvrit parfois celui des bandes impériales : À Berlin, à Berlin !

Paris de plus en plus se détachait de Bonaparte ; l’aigle avait du plomb dans l’aile.

La révolution appelait tous ceux qui étaient jeunes, ardents, intelligents. — Oh ! comme alors la République était belle !

La Lanterne de Rochefort errant à travers le coupe-gorge, en éclairait les profondeurs. Sur tout cela passait dans l’air la voix d’airain des Châtiments :

Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,
Sonne aujourd’hui le glas et demain le tocsin.

Malon a tracé des derniers temps de l’Empire un tableau d’une grande réalité.

« Alors, dit-il, la camisole de force dans laquelle étouffait l’humanité craquait de toutes parts ; un frisson inconnu agite les deux mondes. Le peuple indien se révolte contre les capitalistes anglais. L’Amérique du Nord combat et triomphe pour l’affranchissement des noirs. L’Irlande et la Hongrie s’agitent.

» La Pologne est levée. L’opinion libérale en Russie, impose un commencement d’affranchissement des paysans slaves. Tandis que la jeune Russie enthousiasmée par les accents de Tchernichenski, de Herzen, de Bakounine, se fait propagandiste de la révolution sociale, l’Allemagne, qu’ont agitée Carl Marx, Lassale, Bœker, Bebel, Liebknecht, entre dans le mouvement socialiste. Les ouvriers anglais, conservant le souvenir d’Ernest Jones et d’Oven sont en plein mouvement d’association. En Belgique, en Suisse, en Italie, en Espagne, les ouvriers s’aperçoivent que leurs politiciens les trompent et cherchent les moyens d’améliorer leur sort.

» Les ouvriers français reviennent de la torpeur où les avaient plongés juin et décembre. — De toutes parts