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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/274

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miennes et l’autre, sur la tombe d’une amie, madame Poulain, qui était sur mon chemin.

En retournant près de mes camarades près de la tombe sur laquelle est couchée la statue de bronze de Cavaignac, ils me dirent : cette fois, vous ne bougerez plus. Je reste avec eux, des coups de feu partent des fenêtres de quelques maisons.

Je crois que le jour est venu. Nous avons encore des blessés d’obus. La poignée se réduit et voici l’attaque ; il faut du renfort. On demande qui ira. Je suis déjà loin, ayant passé par un trou de mur. Je ne sais comment on peut aller aussi vite, et pourtant je trouve le temps long : j’arrive à la mairie de Montmartre ; sur la place pleurait un jeune homme qu’on ne veut pas employer, il n’a pas de papiers, rien, — il me le raconte ; mais je n’ai pas le temps. — Venez, lui dis-je, et en demandant du renfort à La Cecillia, je lui montre le jeune homme, qui, lui dit-il, est étudiant, il n’a pas encore combattu, et il veut combattre.

La Cecillia le regarde, — il lui fait bon effet. — Allez, dit-il. — Avec cinquante hommes de renfort nous regagnons le cimetière, le jeune homme en est : il est heureux. En avant près de moi, marche Barois, les balles pleuvent, nous marchons vite, on se bat au cimetière. En arrivant nous entrons par le trou, ils ne sont plus là que quinze, et de nos cinquante nous ne sommes plus guère, le jeune homme est mort. — Nous sommes de moins en moins ; nous nous replions sur les barricades, elles tiennent encore.

Drapeau rouge en tête, les femmes étaient passées ; elles avaient leur barricade place Blanche, il y avait là, Élisabeth Dmihef, madame Lemel, Malvina Poulain, Blanche Lefebvre, Excoffons. André Léo était à celles des Batignolles. Plus de dix mille femmes aux jours de mai, éparses ou ensemble, combattirent pour la liberté.