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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/280

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lieu de la chaussée, élevant son fusil et pleurant de colère, criait aux terrifiés : — Non, vous n’êtes pas dignes de défendre la Commune.

» La pluie tomba, nous revînmes laissant abandonné aux outrages d’un adversaire sans respect de la mort le corps de notre pauvre ami ; il n’avait prévenu personne, même ses plus intimes. Silencieux, n’ayant pour confident que sa conscience sévère, Delescluze marcha à la barricade comme les anciens montagnards allèrent à l’échafaud. »

(Lissagaray, Histoire de la Commune.)

Le sang coulait à flots dans tous les arrondissements pris par Versailles. Par places, les soldats lassés de carnage s’arrêtaient comme des fauves repus.

Sans les représailles, la tuerie eut été plus large encore.

Seul le décret sur les otages empêcha Gallifet, Vinoy, et les autres, d’opérer l’égorgement complet des habitants de Paris.

Un commencement d’exécution de ce décret fit retirer aux pelotons d’exécution, des prisonniers qu’à coups de crosse de fusil on poussait au mur, où par tas restaient les morts et les mourants.

Nous avons rencontré en Calédonie, quelques-uns de ces échappés de la mort.

Rochefort raconte ainsi ce qui lui fut dit par un compagnon de route ou plutôt de cage dans les antipodes ; il racontait ceci :

« On venait d’exécuter une quinzaine de prisonniers, son tour était venu, il avait été collé au mur un mouchoir sur les yeux, car ces supplicieurs y mettait parfois des formes.

» Il attendait les douze balles qui devaient lui revenir et commençait à trouver le temps un peu long, — tout à coup un sergent vint lui délier le bandeau fatal, tout