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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/290

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ples ; la grande paix du monde qu’on attend toujours, elle regarderait encore si l’on n’eût abattu la ruine.

Au retour de Calédonie, je pus la saluer ! La Cour des comptes, les Tuileries attestent encore qu’on voulut mourir invaincus ; aujourd’hui seulement les ruines de la Cour des comptes vont être enlevées pour les travaux de l’Exposition.

On y vend aux enchères les fresques de Théodore Chassériau dont une seule la Force et l’Ordre est en bon état et des lots d’arbres poussés dans les ruines et couverts d’oiseaux effarés auxquels ils donnaient asile. Au lieu des palais, si les masures eussent flambé, afin que plus jamais on n’y mourût de misère, la tuerie peut-être eût été moins facile.

Ne nous plaignons pas de la lenteur des choses, le germinal séculaire croît dans cet humus de mort.

La patience de ceux qui souffrent semble éternelle, mais avant le raz marée, les flots aussi, sont patients et doux, ils reculent avec de longues vagues molles : ce sont celles-là même qui vont s’enfler et revenir semblables à des montagnes, s’effondrer en mugissant sur le rivage, et avec elles l’engloutir dans l’abîme.

Ainsi nous l’avons vu au pays des cyclones avec l’implacabilité des luttes de la nature, nous avons eu le mirage de la bataille. L’eau sur les forêts se verse en effondrements soudains, s’égrène et crépite comme la fusillade.

Les arbres se rompent avec fracas, les rocs sont mordus de brèches et le chœur des tempêtes emplit les plages dans le silence profond des êtres.

Des chutes profondes, des arrachements inconnus, pareils à des plaintes humaines s’étendent, scandées, là aussi, par le canon d’alarme.

Plus haut que les cuivres, sonnent les trompes du vent, et grisante comme la poudre est l’électricité répandue dans l’air.