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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/315

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y en avait tant qu’on entendait le fourmillement. Les arrestations par hasard ne manquaient pas : une sourde-muette passa là quelques semaines pour avoir crié : Vive la Commune !

Une femme de quatre-vingts ans, paralysée des deux jambes, pour avoir fait des barricades.

Une autre, déjà vieille, type de l’âge de pierre, mélange de ruse et de naïveté, tourna pendant trois jours autour du trou de l’escalier, un panier à un bras, un parapluie sous l’autre.

Il y avait dans ce panier quelques exemplaires d’une chanson composée par son maître, un homme de lettres, disait-elle. Elle vendait pour leur avoir du pain cette chanson, qu’on avait crue à la gloire de la Commune : C’était à la gloire de Versailles ! la bonne femme avait été coffrée et le vieux attendait depuis ce temps-là.

D’abord, on prétendit que nous disions cela par méchanceté, alors j’emportai à l’instruction un des exemplaires de la chanson, cela commençait ainsi :

Beaux messieurs de Versailles, entrez dedans Paris !

Il n’y avait pas moyen de nier, c’était imprimé ; ils avaient jeté là leurs derniers sous, dans l’espoir de les doubler.

On se rendit à l’évidence ; la vieille heureuse allait descendre l’escalier avec son panier et son parapluie, elle s’arrêta et dit croyant nous flatter : si la Commune avait gagné, nous aurions mis :

Beaux messieurs de Paris, entrez dedans Versailles !

Elle devait collaborer avec son maître.

Une autre joyeuseté des Chantiers était de voir le dimanche parmi les drôlesses qui venaient avec des officiers, quelques bourgeoises curieuses et badaudes, traînant la queue de leurs robes dans les fourmilières dont j’ai parlé. L’une d’elles, de superbe profil grec,