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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/320

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questions. On la somme de révéler la cachette de son fils. Elle affirme qu’elle l’ignore et que d’ailleurs, la connût-elle, on ne pouvait pas exiger d’une mère qu’elle se fit la dénonciatrice de son propre fils.

» On redouble d’instances, on emploie tour à tour la douceur, la menace.

» — Arrêtez-moi si vous voulez, mais je ne puis vous dire ce que j’ignore, et vous n’aurez pas la cruauté de m’arracher d’auprès du lit de ma fille.

» La pauvre femme à cette seule pensée tremble de tous ses membres. L’un de ces hommes laisse échapper un sourire ; une idée diabolique venait de surgir dans son esprit.

» — Puisque vous ne voulez pas nous dire où est votre fils, eh bien, nous allons emmener votre fille.

» Un cri de désespoir et d’agonie s’échappe de la poitrine de madame Ferré. Ses prières, ses larmes sont impuissantes. On se met en devoir de faire lever et habiller la malade, au risque de la tuer.

» — Courage, mère, dit mademoiselle Ferré, ne t’afflige pas, je serai forte, ce ne sera rien ; il faudra bien qu’on me relâche.

» On va l’emmener.

» Placée dans cette épouvantable alternative, ou d’envoyer son fils à la mort, ou de tuer sa fille en la laissant emmener, affolée de douleur, en dépit des signes suppliants que lui adresse l’héroïque Marie, la malheureuse mère perd la tête, hésite.

» — Tais-toi, mère, tais-toi, murmure la malade. On l’emmène.

» Mais c’en était trop pour le pauvre cerveau maternel.

» Madame Ferré s’affaisse sur elle-même, une fièvre chaude se déclare, sa raison s’obscurcit ; des phrases incohérentes s’échappent de sa bouche. Les bourreaux