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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/351

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rive, ancien château devenu maison de force et de correction, où nous attendions le navire de l’État, qui devait nous emporter en Nouvelle-Calédonie, Augustine Chiffon cria : Vive la Commune ! en mettant sur son bras son numéro du bagne. — Je me souviens que le mien était 2182. Quelles terribles files que ces 2181 qui avaient passé là avant moi !

Madame Lemel, ne fut jugée que très tard ; ne voulant pas survivre à la Commune, elle s’était enfermée dans sa chambre avec un réchaud de charbon. — Comme on vint l’arrêter, elle fut sauvée de la mort pour le conseil de guerre.

On l’avait mise, en attendant son assignation, dans un hospice où plusieurs fois elle refusa l’évasion qu’on lui offrit.

Lorsque madame Lemel arriva à Auberive, elle y fut reçue par nous toutes, au cri de : Vive la Commune ! Nous en avions fait autant pour Excoffon, madame Poirier, Chiffon, et une vieille qui avait déjà combattu à Lyon, au temps où les canuts écrivaient sur leur drapeau : Vivre en travaillant, ou mourir en combattant. Elle avait, de toutes ses forces, combattu pour la Commune : elle s’appelait madame Deletras.

Quelques jours de cachot et tout était dit. — Dans ce cachot, par un soupirail on apercevait une grande partie du pays. Le règlement étant les jours de procession d’aller au cachot ou à la procession, nous y allâmes le jour de la fête Dieu, ce qui désappointa fort les curieux accourus pour nous voir de tous les coins du département de l’Aube.


fin de la quatrième partie