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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/365

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Novembre 1873, à bord de la Virginie.

Combien de lettres et de vers furent échangés sur la Virginie, car la défense de correspondre quand on est si près — ne compte pas.

Il y avait des récits simples et grands, de bien des déportés, des vers dont la pensée, sous une forme abrupte était superbe.

Une dédicace écrite par un camarade trop zélé protestant, sur le premier feuillet d’une Bible avait un parfum de myrrhe : j’ai gardé la dédicace, mais envoyé par dessus bord la Bible, aux requins.

Tous ces fragments, à part les vers de Rochefort, retrouvés entre les feuillets d’un livre ont disparu dans les perquisitions, après le retour de Calédonie.

Ceux que je lui envoyai ne me sont pas restés non plus ; je cite le fragment dans le voyage.

à bord de la Virginie.


Voyez des vagues aux étoiles
Poindre ces errantes blancheurs.
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs :
Dans les cieux des flottes de mondes,
Sur les flots, les facettes blondes
De phosphorescentes lueurs.

Et les flottantes étincelles,
Et les mondes au loin perdus
Brillent ainsi que des prunelles.
Partout vibrent des sons confus.
Au seuil des légendes nouvelles
Le coq gaulois frappe ses ailes
Au guy l’an neuf Brennus Brennus.

L’aspect de ces gouffres enivre,
Plus haut, ô flots, plus fort, ô vents !
Il devient trop cher de vivre,
Tant ici les songes sont grands,