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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/374

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grotte est sous son ombre, la pensée y éprouve, comme le corps, un calme soudain.

Eh bien, en introduisant sous l’écorce d’un arbre chargé d’insectes, de la sève de celui-là, par des injections elle se mêle à la sève de l’arbre, les insectes ne tardent pas à le quitter.

On peut dans ce pays où la sève est puissante traiter les plantes comme les êtres ; il m’est arrivé une année où à la presqu’île Ducos tous les papayers mouraient de la jaunisse, d’en vacciner ainsi quelques-uns, avec la sève des papayers malades : quatre ont survécu sur cinq, tous ceux de la presqu’île sont morts.

Vers le milieu de la forêt ouest était un figuier banian, qui fut coupé peu avant notre départ.

Jamais je ne vis insectes plus étranges que ceux qui se cachaient à l’ombre de ce banian dans les multiples crevasses du rocher, de gros vers blancs comme les larves des hannetons, mais ayant sur la tête des cornes à ramures pareilles à celles des rennes.

Une espèce de bourgeon noir est au commencement recouvert d’une sorte de linceul ; c’est la première étape de quelque insecte inconnu, peut-être des psillas.

Si l’alcool ne nous eût été interdit, on eût pu conservé de ces étranges insectes en voie de transformations.

Entre la forêt ouest et Numbo des niaoulis tordus par les cyclones, se suivent espacés comme des files de spectres, leurs troncs blancs dans les grands clairs de lune apparaissent étranges, les branches pareilles à des bras de géants se lèvent, pleurant l’asservissement de la terre natale.

Quand les nuits sont obscures, on voit sur les niaoulis une phosphorescence. La chenille du niaouli est de la couleur des branches ; elle se métamorphose en une sorte de demoiselle, dont les ailes et le corps se confondent avec les feuilles de l’arbre.

La feuille du niaouli donne une sorte de thé amer ;