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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/384

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conformant simplement à la loi de la déportation se présentent aux appels sans se ranger militairement sur deux lignes. La protestation à ce sujet fut énergique, montrant que malgré les divisions introduites parmi nous par des gens complètement étrangers à la cause, et qu’on y a jetés à dessein, les déportés n’ont point oublié la solidarité.

On a depuis privé de vivres à l’exception du pain, du sel et des légumes secs, quarante-cinq déportés comme s’étant montrés hostiles à un travail qui n’existait que dans l’imagination du gouvernement.

Quatre femmes ont été également privées comme laissant à désirer sous le rapport de la conduite, et de la moralité, ce qui est faux. Le déporté Langlois, mari d’une de ces dames, ayant répondu énergiquement pour sa femme qui ne lui a jamais donné aucun sujet de mécontentement, a été condamné à dix-huit mois de prison et 3 000 francs d’amende.

Place, dit Verlet, ayant également répondu pour sa compagne dont la conduite mérite le respect de toute la déportation, à six mois de prison et 500 francs d’amende et, de plus, ce que rien au monde ne pourrait lui rendre, son enfant né pendant sa prison préventive est mort par suite des tourments éprouvés par sa mère qui le nourrissait.

Il ne lui fut pas permis de voir son enfant vivant.

D’autres déportés ont été condamnés. Cipriani dont la dignité et le courage sont connus, à dix-huit mois de prison et 3 000 francs d’amende. Fourny condamnation à peu près semblable pour lettres insolentes bien méritées par l’autorité.

Dernièrement le citoyen Malezieux, doyen de la déportation, se trouvant assis le soir devant sa case en compagnie des déportés qui travaillent avec lui, un gardien ivre l’accusa de tapage nocturne, le frappa, et il fut de plus mis en prison.