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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/389

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rent à la même place pendant le reste de la déportation.

Les déportés de l’île des Pins, lorsqu’ils étaient condamnés à la prison, venaient subir leur peine à la presqu’île Ducos ; ainsi nous savions la tristesse de leur vie.

Le 11 mars 75, vingt déportés de l’île des Pins, tentèrent sur une barque construite par eux-mêmes, de s’enfuir vers l’Australie, le 18 mars de la même année les débris de l’embarcation furent jetés à la côte ; pas un vêtement, pas un bout de couverture, pas un cadavre.

Ont-ils été dévorés par les requins ou les naturels de quelqu’un de ces archipels d’îlots dont l’océan est constellé ; les auront-ils emmenés si loin parmi ces îlots ignorés qu’ils n’auraient pu gagner d’autres terres ? Ces vingt se nommaient.

Rastoul, Sauvé, Savy, Demoulin, Gasnié, Berger, Chabrouty, Roussel, Saurel, Ledru, Leblanc Louis, Masson, Duchêne, Galut, Guignes, Adam, Barthélémy, Palma, Gilbert, Edat.

Ce même 18 mars où furent trouvés les débris de leur barque mourait Maroteau à l’hospice de l’île Nou.

L’île Nou, c’est le plus sombre cercle de l’enfer.

Là étaient Allemane, Amouroux, Brissac, Alphonse Humbert, Levieux, Cariat, Fontaine, Dacosta, Lisbonne, Lucipia, Roques de Filhol, Trinquet, Urbain, etc., étant les plus éprouvés, ils nous étaient les plus chers ; mis à la double chaîne, traînant le boulet près de ceux qui étaient réputés les pires criminels, ils subirent d’abord leurs insultes, puis s’en firent respecter.

Deux bras qui s’arrondissent en face l’un de l’autre au-dessus non pas d’une tête, mais d’une petite rade, c’est la presqu’île Ducos et l’île Nou entre les deux épaules, c’est Nouméa au fond de la rade.

De la baie de l’ouest on voit les bâtiments de l’île