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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/39

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« Monsieur,

» Après avoir outragé l’un après l’autre chacun des miens et n’avoir épargné ni les femmes ni les enfants, vous m’insultez par la plume d’un de vos manœuvres, c’est tout naturel et mon tour devait arriver.

» Seulement, j’ai peut-être un avantage sur la plupart de ceux qui portent mon nom, c’est d’être un simple particulier tout en étant un Bonaparte.

» Je viens donc vous demander si votre encrier est garanti par votre poitrine et je vous avoue que je n’ai qu’une médiocre confiance dans l’issue de ma démarche.

» J’apprends, en effet, par les journaux, que vos lecteurs vous ont donné le mandat impératif de refuser toute réparation d’honneur et de conserver votre précieuse existence.

» Néanmoins, j’ose tenter l’aventure, dans l’espoir qu’un faible reste de sentiments français vous fera départir en ma faveur des mesures de précautions dans lesquelles vous vous êtes réfugié.

« Si donc, par hasard, vous consentez à tirer les verrous protecteurs qui rendent votre honorable personne deux fois inviolable, vous ne me trouverez ni dans un palais ni dans un château.

» J’habite tout bonnement 59, rue d’Auteuil, et je vous promets que si vous vous présentez, on ne vous dira pas que je suis sorti.

» En attendant votre réponse, monsieur, j’ai encore l’honneur de vous saluer.

 » Pierre-Napoléon Bonaparte. »

« Cette lettre, en même temps que très injurieuse, était tout à fait incorrecte au point de vue de ce qu’on est convenu d’appeler une provocation. L’article qui l’avait motivée n’était pas de moi, mais d’un de mes collaborateurs, Ernest Lavigne ; il répondait en termes