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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/392

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Segon frappe Ataï. Le vieux chef porte la main à sa tête à demi-détachée, et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’il devient immobile.

Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho à travers les montagnes.

À la mort de l’officier français Gally Passeboc, les Canaques saluèrent leur ennemi de ce même cri de mort parce qu’avant tout, ils aiment les braves.

La tête d’Ataï fut envoyée à Paris ; je ne sais ce que devint celle d’Andia.

Que sur leur mémoire chante ce bardit d’Ataï.

Le takata dans la forêt a cueilli l’adouéke, l’herbe de guerre, la branche des spectres.

Les guerriers se partagent l’adouéke qui rend terrible et charme les blessures.

Les esprits soufflent la tempête, les esprits des pères, ils attendent les braves amis ou ennemis ; les braves sont les bienvenus par delà la vie.

Que ceux qui veulent vivre s’en aillent. Voilà la guerre, le sang va couler comme l’eau ; il faut que l’adouéke aussi soit rouge de sang.

Mémoires de Louise Michel,
Chez Roy, éditeur.

Ataï aujourd’hui est vengé ; le traître qui prit part à la révolte avec les blancs, dépossédé, exilé, comprend son crime.

Parmi les déportés les uns prenaient parti pour les Canaques, les autres contre. Pour ma part j’étais absolument pour eux. Il en résultait entre nous de telles discussions qu’un jour, à la baie de l’Ouest, tout le poste descendit pour se rendre compte de ce qui arrivait. Nous n’étions que deux criant comme trente.

Les vivres nous étaient apportés dans la baie par les domestiques, des surveillants qui étaient Canaques ; ils étaient très doux, se drapaient de leur mieux dans de mauvaises guenilles et on aurait pu facilement les