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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/394

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séparation semblait longue, ceux surtout qui avaient des petits enfants, recevaient des lettres où on leur parlait d’une amnistie prochaine. Le temps se passait sans que l’amnistie arrivât ; les malheureux qui y avaient cru sur la foi d’amis imprudents, mouraient promptement, nombreux et souvent on s’en allait en longues files par les chemins de la montagne vers le cimetière qui s’emplissait largement. De ce temps encore quelques vers me sont restés :

Par les clairs de lune superbes,
Les niaoulis aux troncs blancs,
Se tordent sur les hautes herbes
Tourmentés par l’effort des vents.
Là des profondeurs inconnues,
Les cyclones montent aux nues

Et l’âpre vent des mers pleurant toutes les nuits,
De ses gémissements couvre les froids proscrits.

Les niaoulis, etc.,

Sur les niaoulis gémissent les cyclones.
Sonnez, ô vents des mers, vos trompes monotones.

Il faut que l’aurore se lève,
Chaque nuit recèle un matin,
Pour qui la veille n’est qu’un rêve.
Les flots roulent, le temps s’écoule,
Le désert deviendra cité.
Sur les mornes que bat la houle,
S’agitera l’humanité.


Nous apparaîtrons à ces âges
Comme nous voyons maintenant
Devant nous ces tribus sauvages
Dont les rondes vont tournoyant,
Et de ces races primitives
Se mêlant au vieux sang humain
Sortiront des forces actives,
L’homme montant comme le grain.


Sur les niaoulis gémissent les cyclones,
Sonnez, ô vents des mers, vos trompes monotones.