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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/42

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quer cette démarche qui ne pouvait aboutir, attendu que c’était bien évidemment à ma personnalité et à nulle autre qu’en voulait le prince qui s’improvisait le vengeur de toute sa famille.

» Victor Noir qui fut assassiné n’était donc pas, comme on l’a généralement cru et souvent répété, mon témoin, mais celui de notre collaborateur Grousset qui l’avait envoyé à Auteuil avec Ulrich de Fonvielle sans même m’en prévenir.

» Ce fut seulement dans la journée que j’appris cette démarche qui retardait et contrecarrait la mienne. Cependant, comme j’étais sûr que Pierre Bonaparte ne tiendrait aucun compte de cette nouvelle demande de réparation, j’attendais au corps législatif le retour de mes témoins Millière et Arnould qui devaient tout décider avec ceux du prince pour le duel du lendemain.

» Je montrai à plusieurs membres de la gauche la lettre de provocation qu’il m’avait adressée et Emmanuel Arago y soupçonna tout de suite un traquenard.

» Prenez bien vos précautions sur le terrain, me dit-il, et surtout n’allez pas vous-même chez lui ; il a déjà eu de fâcheuses affaires.

» L’affaire eût été fâcheuse en effet, car les témoins de Paschal Grousset le trouvèrent dans son salon attendant en robe de chambre, un revolver tout armé dans la poche, non pas eux mais moi, en m’invitant dans les termes qu’on a lus à me présenter chez lui ; il avait certainement compté que ses insultes exaspéreraient la violence qu’il me supposait et dont je venais de donner la preuve en souffletant l’imprimeur Rochette.

» Il était donc là toujours sans témoins quand il aurait dû régulièrement en choisir avant même de m’avoir écrit sa lettre provocatrice, et que, en tout cas, il eût été tenu de les désigner aussitôt après. Quelle eût été, en effet, sa posture si je lui avais envoyé mes amis pour lui dire, comme c’était d’ailleurs