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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/47

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la mission que comporte ce titre, s’était oublié au point de souffleter l’adversaire de son client, j’eusse été personnellement renseigné sur cet acte de violence et les motifs qui l’avaient amené.

» Ulrich de Fonvielle, sur qui Pierre Bonaparte avait tiré deux balles qui se perdirent, aurait pu avoir un intérêt à nier devant la justice le prétendu soufflet ; mais à moi, son collaborateur et son rédacteur en chef, il avait rien à cacher. Or il m’a toujours affirmé, j’en donne ici ma parole d’honneur, que non seulement notre ami n’a jamais donné le moindre soufflet, mais que tenant son chapeau de sa main gantée, il a toujours gardé l’attitude la plus calme et n’a, à aucun moment, esquissé le moindre geste pouvant laisser supposer une intention agressive. Au surplus, personne ne se trompa à cette imposture, ni les conseillers généraux qui acquittèrent par ordre, ni le procureur général Grandperret qui mentit à bouche que veux-tu, ni l’infâme Émile Ollivier qui, dans cette affaire comme depuis dans la question de la guerre franco-allemande, se montra le plus bas complice des vengeances napoléoniennes.

» Le misérable ministre n’eut pas un mot de blâme à l’adresse de l’assassin, pas un mot de regret pour la jeune et loyale victime. Il poussa jusqu’aux plus extrêmes limites de l’abjection le servilisme envers son nouveau maître.

» Si, au lieu d’écouler sa vanité de dindon, il avait, à la suite de ce crime, jeté résolument son portefeuille aux pieds de l’empereur, l’imbécile se serait créé une situation superbe, même chez les modérés qu’il rêvait de s’attacher, et se fut en même temps épargné les responsabilités des désastres ultérieurs. Sa démission le soir même de la mort de Victor Noir lui eût évité, à quelques mois de là, une révocation honteuse et l’horreur de toute une nation.