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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/56

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V

le procès de blois

Partout va rampant le policier louche,
Tout est embuscade, on erre farouche
Dans les guets-apens.

(L. M. le Coupe-Gorge.)

Comme les gouvernants qui ont besoin de détourner d’eux l’opinion publique l’Empire faisait autour de lui un bruit continuel ; complots, qu’il échafaudait lui-même ; bombes, données par des mouchards ; scandales ; crimes, découverts en temps opportun, que depuis longtemps on connaissait et tenait en réserve, ils abondent à certaines fins de règne.

Ce n’était pas difficile d’envelopper les plus braves révolutionnaires dans quelques-unes de ces machinations. Le policier qui eût offert des projectiles eût trouvé cent mains, plutôt qu’une, tendues pour les recevoir, mais les choses proposées ainsi, par les mouchards, ne sont jamais à propos, — la ficelle passe sous le pantin, le temps arrivant où n’aurait pas été de trop un véritable complot à ciel ouvert, grand comme la France, comme le monde. Le traître Guérin et autres n’eurent pas de peine à fournir à leurs maîtres les apparences d’une conspiration.

Dans la tourmente qui s’amassait grondant sur l’Empire, on tailla le procès de Blois.

Guérin ayant donné les bombes savait où les retrouver ; il les indiqua aux perquisitions.

Mais, le scénario avait été pauvrement charpenté vu la grandeur des éléments, on aurait pu, sur cette donnée géante, bâtir une pièce capable d’enthousiasmer l’homme de décembre lui-même. Les mouchards d’ordinaire manquent de souffle ; le scénario fut absurde.