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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/66

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Dans Montmartre, Belleville, au quartier Latin, les esprits révolutionnaires et par dessus tous les autres les Blanquistes, criaient aux armes.

On savait l’écrasement dont le gouvernement n’avouait qu’une seule chose : la charge des cuirassiers.

On savait que quatre mille cadavres, et le reste prisonnier, c’était tout ce qui restait du corps d’armée de Frossard.

On savait les Prussiens établis en France. — Mais plus terrible était la situation, plus grands étaient les courages. La République fermerait les plaies, grandirait les âmes.

La République ! ce n’était point assez de vivre pour elle, on y voulait mourir.

C’est dans ces aspirations que le 14 août 70 eut lieu l’affaire de la Villette.

Les Blanquistes surtout croyaient pouvoir proclamer la République avant que l’empire vermoulu s’écroulât de lui-même.

Pour cela, il fallait des armes, et, comme on n’en avait pas assez, on voulut commencer par prendre la caserne des pompiers, boulevard de la Villette, au 141, je crois, dont on aurait pris les armes.

Un pompier, a-t-on dit, avait été tué ; il n’était que blessé et l’a fait connaître lui-même depuis. Le poste était nombreux, bien armé. La police, prévenue on ne sait comment, tomba sur les révolutionnaires. Ceux de Montmartre, arrivés tard, virent sur le boulevard désert, dont les volets s’étaient fermés avec bruit, la voiture dans laquelle avaient été jetés Eudes et Brideau, prisonniers, entourée de mouchards et d’imbéciles qui criaient : aux Prussiens !

Tout était fini pour cette fois encore, mais l’occasion reviendrait.

Le 16 août, une sorte d’avantage remporté par Bazaine à Borny, et grandi à dessein par le gouvernement