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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/70

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avait eu raison de compter sur l’audace féminine.

Plus on nous disait qu’il était impossible de pénétrer chez le gouverneur, plus nous avancions.

Nous parvînmes à entrer d’assaut dans une sorte d’antichambre entourée de banquettes appuyées contre les murs.

Au milieu, une petite table couverte de papiers — là attendaient d’ordinaire ceux qui voulaient voir le gouverneur ; — nous étions seules.

On espérait nous chasser poliment, mais après nous être assises sur une des banquettes, nous déclarâmes que nous venions de la part du peuple de Paris pour remettre en mains propres au général Trochu des papiers dont il fallait qu’il eût connaissance.

Ces mots de la part du peuple firent un peu réfléchir, on n’osait pas nous jeter dehors et la douceur fut employée pour nous faire déposer notre dossier sur la table, cela fut impossible à obtenir de nous.

L’un de ceux qui étaient là se détacha alors et revint avec un individu qu’on nous dit être le secrétaire de Trochu.

Celui-ci entra en pourparlers avec nous, dit que Trochu étant absent, il avait l’ordre de recevoir à sa place ce qui était adressé au général ; — il voulut bien consigner sur un registre le dépôt du dossier que nous lui remîmes, après des preuves que nous n’étions pas trompées.

Ce secrétaire ne semblait pas hostile à ce que nous demandions et il trouva naturelles les précautions prises par nous.

Le temps pressait, et malgré l’assurance du secrétaire que le gouverneur de Paris avait un grand respect pour la volonté populaire nous vivions en continuelles craintes d’apprendre l’exécution faite tout à coup, dans quelque accès de délire impérialiste.