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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/78

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on se sentait une puissance de vie énorme, il semblait qu’on fût la révolution même.

On allait Marseillaise vivante, remplaçant celle que l’Empire avait profanée.

Cela ne durera pas, disait le vieux Miot, qui se souvenait de 48.

Un jour, sur la porte de l’hôtel de ville, Jules Favre nous serra trois dans ses grands bras, Rigaud, Ferré et moi, en nous appelant ses chers enfants.

Pour ma part je le connaissais depuis longtemps ; il avait été, comme Eugène Pelletan, président de la société pour l’instruction élémentaire, et rue Hautefeuille où avaient lieu les cours, on criait vive la République bien avant la fin de l’Empire.

Je songeais à cela pendant les jours de mai à Satory, devant la mare sanglante où les vainqueurs lavaient leurs mains, seule eau qui fut donnée à boire aux prisonniers, couchés dans la pluie, dans la boue sanglante de la cour.


II

la réforme nationale

Amis, l’on a la République.
Le sombre passé va finir.
Debout tous, c’est l’heure héroïque.
Fort est celui qui sait mourir.
(L. M. Respublica.)

Était-ce donc le pouvoir qui changeait ainsi les hommes de septembre ?

Eux que nous avons vus fiers devant l’Empire étaient pris d’épouvante de la révolution.

Devant le gouffre à franchir ils refusaient de prendre leur élan, ils promettaient, juraient, contemplaient la situation, et y voulaient rester éternellement renfermés.