Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/125

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bienfait qu’il avait reçu du signor D. Francesco Santoro, alors secrétaire du royaume. Il était juge de la lieutenance civile, et commissaire dans la cause d’un gendre de Yico, cause qui devait se plaider à la Rota, chambres assemblées. Le mercredi de deux semaines successives, le signor D. Antonio Garacciolo, marquis del Amorosa, alors président de la lieutenance, et qui, par son intégrité et sa prudence dans l’administration de la cité, mérita de plaire à quatre vice-rois, se transporta à la Rota, pour y favoriser Vico. Le signor Santoro exposa la cause avec tant de clarté et d’exactitude, qu’il épargna à Vico un développement des faits qui eût ralenti la marche du procès, et eût permis à la partie adverse de l’embrouiller encore. Vico improvisa un plaidoyer abondant, et sut trouver, dans un acte d’un notaire vivant, trente-six présomptions de fausseté ; il les réduisit à certains chefs, les disposa avec ordre, pour mieux les retenir, et en fit un exposé si passionné que tous les juges (telle fut leur extrême bonté) n’ouvrirent pas la bouche, et ne levèrent même pas les yeux pendant tout le temps qu’il parla. A la fin du plaidoyer, le président se sentit vivement ému, et cherchant à couvrir cette émotion par la gravité naturelle à un si grand magistrat, il laissa cependant percer sa compassion pour l’accusé et son mépris pour l’accusateur ; de sorte que le tribunal acquitta l’accusé sans que la fausseté de l’accusation eût été juridiquement prouvée. Telle fut l’occasion de ce discours de Yico ; il se trouve dans le recueil que le signor Santoro fît imprimer lui-même, in-4o.

Dans ce discours, à propos des deux fils de cette sainte princesse qui combattirent dans la guerre de la