Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/230

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les vérités, non seulement celles qui sont relatives à la vie pratique, comme les vérités de la morale et de la mécanique, mais aussi les vérités physiques et même mathématiques. Ils enseignent que la seule métaphysique est celle qui nous donne une vérité indubitable, et que c’est de là que dérivent, comme de leur source, les vérités secondes par lesquelles se forment les autres sciences. Nulle de ces vérités qui appartiennent aux autres sciences ne peut se démontrer soi-même, et dans ces vérités secondes, autre chose est l’âme, autre chose le corps ; elles ne savent rien avec certitude des sujets dont elles traitent. Ils estiment donc que la métaphysique donne aux autres sciences le fonds qui leur est propre. Aussi le grand méditateur [1] de cette philosophie veut que celui qui prétend être initié à ses mystères, se purifie avant d’approcher, non seulement des croyances apprises, ou, comme on dit, des préjugés que, depuis l’enfance, il a conçus par les sens, mais encore de toutes les vérités que les autres sciences lui ont enseignées ; et puisqu’il n’est pas en notre pouvoir d’oublier, il faut que son esprit soit, sinon comme une table rase, au moins comme un livre fermé qu’il ouvrira à un jour plus sûr. Ainsi la limite qui sépare les dogmatiques des sceptiques, ce sera la vérité première que doit nous découvrir la métaphysique de Descartes. Et voici comment ce grand philosophe nous l’enseigne. L’homme peut révoquer en doute s’il sent, s’il vit, s’il est étendu, et enfin s’il est : pour le prouver, il a recours à l’hypothèse d’un génie trompeur qui pour-

  1. Allusion aux Méditations de Descartes.