Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/432

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plus noble de tous. C’était l’expression des émotions les plus vives de la terreur ou de la joie. La poésie héroïque ne peint que les passions les plus violentes. Si le vers héroïque fut d’abord spondaïque. on ne peut l’attribuer, comme le fait la tradition vulgaire, à l’effroi inspiré par le serpent Python ; l’effroi précipite les idées et les paroles, plutôt qu’il ne les ralentit. En latin, sollicitus et festinans expriment la frayeur. La lenteur des esprits, la difficulté du langage, voilà ce qui dut rendre ce vers spondaïque ; et il a conservé quelque chose de ce caractère, en exigeant invariablement un spondée à son dernier pied. Plus tard, les esprits et les langues ayant plus de facilité, le dactyle entra dans la poésie ; un nouveau progrès détermina l’emploi de l’iambe, pes citus, comme dit Horace. Enfin l’intelligence et la prononciation ayant acquis une grande rapidité, on commença de parler en prose, ce qui était une sorte de généralisation. Le vers iambique se rapproche tellement de la prose, qu’il échappait souvent aux prosateurs. Ainsi le chant uni aux vers devint de plus en plus rapide, en suivant exactement le progrès du langage et des idées. — Ces vérités philosophiques sont appuyées par la tradition suivante. L’histoire ne nous présente rien de plus ancien que les oracles et les sibylles ; l’antiquité de ces dernières a passé en proverbe. Nous trouvons partout des Sibylles chez les plus anciennes nations : or, on assure qu’elles chantaient leurs réponses en vers héroïques, et partout les oracles répondaient en vers de cette mesure. Ce vers fut appelé par les Grecs pythien, de leur fameux oracle d’Apollon Pythien. Les Latins l’appelèrent vers saturnien, comme l’atteste