Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

garde de solliciter les secours des Normands, ses compatriotes ; le comte de Barcelone se défiait de ses voisins de Toulouse. Personne ne se déliait du roi de France.

Ce qui faisait le danger de sa position, mais qui le rendait cher aux églises et aux bourgeoisies du centre de la France, c’était le voisinage des Normands. Ils avaient pris Gisors au mépris des conventions, et de là dominaient le Vexin presque jusqu’à Paris. Ces conquérants ne respectaient rien. La toute petite royauté de France ne leur aurait pas tenu tête sans la jalousie de la Flandre et de l’Anjou. Le comte d’Anjou demanda et obtint le titre de sénéchal du roi de France. C’était le droit de mettre les plats sur la table ; mais la féodalité ennoblissait tous les offices domestiques, et le comte d’Anjou était trop puissant pour croire qu’on pût tirer jamais parti contre lui de cette domesticité volontaire, qui équivalait à une étroite ligue contre les Normands.

Les Normands n’eurent aucun avantage décisif ; ils n’employaient contre le roi de France que la moindre partie de leurs forces. Dans la réalité, la Normandie n’était pas chez elle, mais en Angleterre. Leur victoire à Brenneville, dans un combat de cavalerie où les deux rois se rencontrèrent et firent assez bien de leur personne, n’eut point de résultat. Dans cette célèbre bataille du douzième siècle, il y eut, dit Orderic Vital, trois hommes de tués. Qu’on dise encore que les temps chevaleresques sont les temps héroïques (1119).