Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
HISTOIRE DE FRANCE

dans leur parti, comme les protestants du seizième siècle. Le château de Minerve, qui se trouvait à la porte de Narbonne, était une de leurs principales retraites. L’archevêque et les magistrats de Narbonne avaient espéré détourner la croisade de leur pays, en faisant des lois terribles contre les hérétiques ; mais ceux-ci, traqués dans tous les anciens domaines du vicomte de Béziers, se réfugièrent en foule vers Narbonne. La multitude enfermée dans le château de Minerve ne pouvait subsister qu’en faisant des courses jusqu’aux portes de cette ville. Les Narbonnais appelèrent eux-mêmes Montfort et l’aidèrent. Ce siège fut terrible. Les assiégés n’espéraient et ne voulaient aucune pitié. Forcés de se rendre, le légat offrit la vie à ceux qui abjureraient. Un des croisés s’en indignait : « N’ayez pas peur, dit le prêtre, vous n’y perdrez rien ; pas un ne se convertira. » En effet, ceux-ci étaient des parfaits, c’est-à-dire les premiers dans la hiérarchie des hérétiques ; tous, hommes et femmes, au nombre de cent quarante, coururent au bûcher et s’y jetèrent d’eux-mêmes. Montfort, poussant au Midi, assiégea le fort château de Termes, autre asile de l’église albigeoise. Il y avait trente ans que personne dans ce château n’avait approché des sacrements. Les machines nécessaires pour battre la place furent construites par l’archidiacre de Paris. Il y fallut des efforts incroyables ; les assiégeants plantèrent le crucifix au haut de ces machines, pour désarmer les assiégés, ou pour les rendre plus coupables encore s’ils continuaient de se défendre, au risque de frapper le Christ. Parmi ceux