Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/346

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Cela fait, rien n’était fait. Les districts de Paris réclamèrent avec raison ; cette clémence surprise à une assemblée émue, accordée au nom de Paris par une foule sans autorité, une question nationale tranchée par une seule ville, par quelques-uns de ses habitants… et cela au moment où l’Assemblée nationale créait un comité de recherches, préparait un tribunal… c’était étrange, audacieux. Malgré Lally et Mounier, qui défendaient l’amnistie, Mirabeau, Barnave et Robespierre obtinrent qu’il y aurait jugement.

La cour fut vaincue encore ; elle emportait toutefois une grande consolation, digne de sa sagesse ordinaire : elle avait compromis Necker, détruit la popularité du seul homme qui eût quelque chance de la sauver.

La cour échoua de même dans l’affaire de la présidence. Thouret s’alarma de la fermentation du peuple, des menaces de Paris, et se désista.

Une troisième tentative du parti royaliste, bien autrement grave, fut faite par Malouet ; ce fut l’une des épreuves les plus fortes, les plus dangereuses que la Révolution ait rencontrées dans sa périlleuse route, où chaque jour ses ennemis mettaient devant elle une pierre d’achoppement, lui creusaient un précipice.

On se rappelle ce jour où, les ordres n’étant pas encore réunis, le Clergé vint hypocritement montrer au Tiers le pain noir que mangeait le peuple, et l’engager, au nom de la charité, à laisser les vaines