Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/62

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recherche, faire même un seul pas. Mais quand je n’y serais invinciblement mené par la loi de mon sujet, j’y serais poussé par mon cœur. La misérable connivence où restent les deux partis est une des causes dominantes de notre affaiblissement moral. Combat de condottieri, où personne ne combat ; on avance, on recule, on menace, sans se toucher, chose pitoyable à voir… Tant que les questions fondamentales restent ainsi éludées, il n’y a nul progrès à espérer, ni religieux ni social. Le monde attend une foi pour se remettre à marcher, à respirer, à vivre. Mais, jamais dans le faux, dans la ruse, dans les traités de mensonge, ne peut commencer la foi.

Solitaire, désintéressé, je ferai, dans ma faiblesse, ce que ne font pas les forts. Je sonderai la question devant laquelle ils reculent, et j’aurai peut-être, avant de mourir, le prix de la vie, qui est de trouver le vrai et de le dire selon son cœur.

Au moment de raconter les temps héroïques de la Liberté, j’ai espoir que peut-être elle me soutiendra elle-même, qu’elle fera son œuvre en ce livre et fondera la base profonde sur laquelle un temps meilleur pourra édifier la foi de l’avenir.


II


Plusieurs esprits éminents, dans une louable pensée de conciliation et de paix, ont affirmé de nos jours que la Révolution n’était que l’accomplissement du