Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/127

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frapper que les faibles, qu’il se ferait plutôt l’avocat de Bouillé et de Fersen. Tout cela à l’adresse des tribunes et du dehors.

L’Assemblée endurait toute parole en ce sens, plus qu’elle ne l’écoutait. Les constitutionnels, qui la sentaient tout entière d’intelligence avec eux, attendaient l’occasion de la compromettre par quelque mesure qui d’avance engageât son jugement. Prieur, de la Marne, ayant cru les embarrasser en leur demandant ce qu’ils feraient si, l’Assemblée mettant le roi hors de cause, on venait demander qu’il fût rétabli dans tout son pouvoir… Desmeuniers saisit effrontément cette prise pour engager l’Assemblée au profit du roi. Il fit du royalisme habile en langage jacobin, parla contre l’inviolabilité absolue du roi, dit : « Que certes le corps constituant avait eu bien droit de suspendre le pouvoir royal, et que la suspension ne serait pas levée jusqu’à ce que la constitution fût terminée. » — D’André, un autre tartufe, abonda en ce sens, fut dur pour la royauté, dur en paroles, pour mieux faire avaler la chose au public désorienté. — Alors Desmeuniers reprenant avec naturel : « Puisqu’on me demande (personne n’avait demandé) de rédiger mon explication en projet de décret, voici un projet : 1o la suspension durera jusqu’à ce que le roi accepte la constitution ; 2o s’il n’acceptait, l’Assemblée le déclarerait déchu. »

Mais Grégoire dit brutalement : « Soyez tranquilles, il acceptera, jurera tant que vous vou-